Algérie Foot– Alors que de nombreuses fédérations européennes assouplissent leurs règlements pour permettre aux joueurs musulmans de rompre leur jeûne durant le Ramadan, la Fédération française de football (FFF) campe sur ses positions. En 2025, comme les années précédentes, aucune pause ne sera autorisée en cours de match pour les joueurs pratiquants, une décision qui alimente un débat grandissant sur l’adaptabilité du football aux réalités culturelles et religieuses des athlètes.
Une position stricte au nom de la laïcité
Contrairement à l’Angleterre, l’Allemagne ou encore les Pays-Bas, qui autorisent des interruptions temporaires pour permettre aux joueurs musulmans de s’hydrater et de manger après le coucher du soleil, la FFF maintient une ligne rigide. L’instance dirigeante du football français s’appuie sur ses statuts et le principe de neutralité pour justifier son refus, arguant qu’aucune considération religieuse ne doit interférer avec le déroulement des compétitions officielles.
Déjà en 2023, Éric Borghini, président de la Commission fédérale des arbitres, avait affirmé que le football devait être dissocié de toute pratique religieuse en déclarant : « Il y a un temps pour faire du sport, un temps pour pratiquer sa religion. » Un discours qui reflète la philosophie de la FFF, laquelle considère que permettre ces pauses reviendrait à accorder un privilège spécifique et risquerait d’ouvrir la porte à d’autres revendications religieuses dans le football professionnel.
Une décision qui divise
Cette position inflexible continue de susciter de nombreuses critiques. D’un côté, les défenseurs de cette interdiction estiment qu’elle garantit une égalité de traitement entre tous les joueurs, quel que soit leur culte. Ils considèrent également qu’introduire des pauses pour motifs religieux pourrait être interprété comme du prosélytisme, un sujet particulièrement sensible en France où la laïcité est strictement appliquée dans les institutions publiques.
D’un autre côté, plusieurs voix s’élèvent contre ce qu’elles perçoivent comme un manque de considération pour les besoins des joueurs musulmans. Dans des championnats majeurs comme la Premier League, la Bundesliga ou l’Eredivisie, des mesures ont été mises en place pour intégrer ces pauses de manière discrète et sans perturber le bon déroulement des matchs. « Cela ne change rien au jeu, mais cela change tout pour ceux qui observent le ramadan », avait expliqué un responsable de la fédération anglaise après l’introduction de ces pauses en 2021.
Un contraste avec les autres ligues européennes
L’intransigeance de la FFF tranche avec la flexibilité de nombreuses autres ligues européennes. En Angleterre, où évoluent de nombreux joueurs musulmans, les arbitres ont pour consigne d’interrompre brièvement les rencontres afin de permettre aux joueurs pratiquants de s’hydrater dès la tombée de la nuit. Cette adaptation a été saluée par plusieurs entraîneurs et joueurs, qui y voient une avancée en faveur de l’inclusion et du respect des traditions.
En France, cependant, la question reste épineuse. La Ligue de Football Professionnel (LFP), qui gère les compétitions de Ligue 1 et Ligue 2, pourrait théoriquement prendre une décision indépendante de la FFF, mais elle suit généralement la ligne directrice de l’instance fédérale. Ainsi, les clubs français doivent trouver des solutions internes, souvent en ajustant les heures de repas et les stratégies d’hydratation des joueurs musulmans sans intervention officielle des arbitres.
Un statu quo appelé à évoluer ?
Malgré la controverse, la FFF ne semble pas prête à infléchir sa position. Cependant, face à la pression médiatique et aux initiatives de fédérations étrangères, la question pourrait revenir sur la table dans les années à venir. Certains observateurs estiment que la montée en puissance des joueurs musulmans dans les championnats européens finira par pousser les instances dirigeantes à reconsidérer leur approche, sous peine de se retrouver en décalage avec les pratiques du football international.
En attendant, les joueurs concernés devront continuer à s’adapter, jonglant entre exigences sportives et convictions personnelles, dans un contexte où la neutralité prônée par la FFF se heurte de plus en plus aux évolutions sociétales du sport moderne.
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