Les chiffres parlent souvent plus fort que les discours, et dans le cas de Walid Regragui, ils dessinent le portrait d’un sélectionneur qui a profondément marqué l’équipe nationale du Maroc en un laps de temps relativement court. Avec un taux de victoire de 73 % en 41 matchs, l’actuel entraîneur des Lions de l’Atlas affiche tout simplement le meilleur pourcentage de réussite de l’histoire récente du football marocain. Ce rendement dépasse celui de ses prédécesseurs les plus marquants, à commencer par Vahid Halilhodžić, qui avait pourtant laissé une forte empreinte en menant la sélection jusqu’à la Coupe du monde 2022 avant d’être évincé. Le technicien bosnien avait terminé son passage avec un taux de victoire de 67 % en 30 rencontres. Quant à Hervé Renard, artisan du renouveau de l’équipe à la fin des années 2010, son bilan fait état d’un pourcentage de réussite de 56 % en 45 matchs.
Ces chiffres, à eux seuls, pourraient sembler suffisants pour illustrer la réussite de Regragui. Mais ce qui rend son bilan encore plus remarquable tient à la qualité des adversaires qu’il a affrontés. En seulement deux ans et demi, il a dirigé son équipe lors de sept rencontres face à des nations du Top 10 mondial, un niveau d’adversité rarement atteint dans l’histoire récente du Maroc. Parmi ces affiches, certaines ont marqué les esprits, notamment durant l’épopée du Qatar où les Lions de l’Atlas ont fait tomber des géants comme la Belgique et l’Espagne avant d’atteindre les demi-finales. En Afrique, Regragui a également testé son groupe à plusieurs reprises contre les meilleures nations du continent, avec pas moins de treize matchs disputés face à des équipes du Top 10 CAF.
À titre de comparaison, Vahid Halilhodžić, malgré un bilan solide, n’avait jamais affronté une nation du Top 10 mondial durant son mandat, même si son équipe avait été plusieurs fois opposée aux meilleures sélections africaines, pour un total de treize rencontres contre le Top 10 CAF. Quant à Hervé Renard, son parcours est légèrement différent : il avait dirigé deux matchs face au Top 10 mondial et quatorze contre des équipes du Top 10 africain, davantage orienté sur la scène continentale.
La particularité du mandat de Regragui réside donc moins dans la quantité de matchs joués que dans la capacité à affronter – et souvent à dominer – des adversaires de très haut niveau. Cela contribue largement à la perception d’un sélectionneur moderne, ambitieux et capable de maintenir l’équipe dans une dynamique compétitive constante. Ses choix, parfois discutés mais souvent payants, ont permis au Maroc de franchir un palier mental et tactique, installant durablement les Lions de l’Atlas parmi les nations qui comptent réellement sur la scène internationale.
En attendant les prochaines échéances, notamment la CAN 2025 et les qualifications pour la Coupe du monde 2026, les attentes sont immenses. Avec un tel bilan et une telle exposition face aux grandes nations, Regragui a ouvert un nouveau chapitre du football marocain, et c’est désormais sur la continuité que se jouera son héritage.


































