Révélé très tôt à Sétif par son
talent pur et son sens du jeu spectaculaire, Djabou était promis à
un avenir radieux. Sa technique fine, sa vision du jeu et son pied
gauche redoutable faisaient de lui l’un des joueurs les plus doués
de sa génération. Pourtant, le destin en a décidé autrement. Le
joueur, qui mesurait 1,64 mètre, n’a jamais pu rejoindre les
grandes scènes européennes, la faute à des circonstances pour le
moins troublantes.
Dans son récit, Djabou évoque
sans détour les manœuvres d’agents mal intentionnés qui auraient
compromis son transfert vers l’AS Monaco :
« On est entouré par des agents malhonnêtes. Quand j’allais partir
à Monaco, à 1h du matin, une personne est venue au parking de
l’aéroport pour me dire que c’était lui qui avait contacté l’ASM
pour me recruter. Je ne le connaissais même pas. Malheureusement,
cet agent et son entourage ont appelé la direction pour dire des
mensonges, et l’ASM a eu peur de me recruter », a-t-il raconté avec
amertume.
Quelques années plus tard, un
autre grand club européen s’intéresse à lui : Arsenal. Sous la
houlette d’Arsène Wenger, les Gunners scrutaient régulièrement le
marché africain à la recherche de jeunes talents techniques. Djabou
confirme avoir été approché :
« Le même scénario s’est répété ailleurs. À Arsenal, j’ai parlé
avec Arsène Wenger à l’époque. Il me suivait bien, mais c’est aussi
tombé à l’eau », regrette-t-il.
Malgré ces occasions manquées,
Abdelmoumene Djabou a su tracer son propre chemin. Fidèle à l’ES
Sétif, il y remportera deux championnats d’Algérie et deux coupes,
avant de s’envoler pour la Tunisie où il connaîtra une belle
aventure avec le Club Africain, décrochant le titre de champion en
2015.
Sur la scène internationale,
Djabou restera à jamais associé à la Coupe du monde 2014. Auteur de
prestations marquantes face à la Corée du Sud et à l’Allemagne, il
a fait vibrer tout un pays grâce à son jeu créatif et audacieux. En
13 sélections et 3 buts, il a laissé une empreinte durable dans la
mémoire des supporters algériens.
Aujourd’hui, l’ancien numéro 10 s’exprime sans
rancune, mais avec la lucidité de celui qui sait ce qu’il a perdu.
Les rêves de Monaco ou d’Arsenal appartiennent désormais au passé,
mais Abdelmoumene Djabou garde la reconnaissance de tout un peuple
pour avoir illuminé le football algérien à sa manière — avec
talent, humilité et passion.