Algérie – Après plus d’un an de silence médiatique, Djamel Belmadi, ex-sélectionneur de l’équipe nationale algérienne, a choisi de s’exprimer publiquement pour la première fois depuis son départ mouvementé. Dans une lettre ouverte datée du 15 février 2025, adressée « exclusivement aux citoyens algériens et passionnés de football », il revient sur les circonstances de son éviction, exprime sa frustration et réaffirme son attachement indéfectible aux Verts.
Cette prise de parole, jette une lumière crue sur les coulisses d’un départ douloureux. Dès les premières lignes, Belmadi clarifie sa posture : « Voici venu le jour où je me dois, à mon tour, de vous livrer le fond de ma pensée », écrit-il, dans un ton solennel qui trahit l’émotion et la gravité du moment. Il évoque un limogeage abrupt, orchestré selon lui « par une décision précipitée et unilatérale de notre Fédération », soulignant l’absence totale de dialogue préalable.
Le technicien, en poste de 2018 à 2024, revient longuement sur son parcours à la tête de l’EN. Il rappelle son engagement total, son patriotisme, et surtout sa volonté de mener les Fennecs vers la Coupe du monde 2026. « Mon contrat me liait à la Fédération pour encore 36 mois, avec un objectif principal clair : mener notre pays vers une qualification pour la Coupe du monde 2026 », rappelle-t-il. Il insiste également sur le bon début des éliminatoires, avec 6 points glanés en deux matches. Une dynamique qu’il aurait souhaité prolonger.
Mais c’est le traitement qui lui a été réservé qui semble le plus blesser l’ancien sélectionneur. Il fustige une rupture de contrat brutale, sans concertation : « Qui accepterait de voir son contrat de travail rompu par son employeur, de manière unilatérale, sans avoir préalablement échangé sur les modalités de cette rupture ? Et cela, simplement via un banal tweet laconique diffusé sur les réseaux sociaux ! » Ce passage révèle un profond sentiment d’injustice et d’humiliation, amplifié par la manière dont la nouvelle a été communiquée au public.
Si Belmadi évite soigneusement d’aborder les échecs cuisants de la CAN 2021 et de la CAN 2024 – deux éliminations au premier tour qui ont plombé son bilan – il insiste sur ses réussites passées, notamment le sacre historique de 2019 : « Nous nous sommes attachés, cœurs et âmes, à tout mettre en œuvre pour redorer le blason de l’équipe nationale […] notamment avec le sacre de 2019, qui nous a permis de vivre des moments de liesse inoubliables. »
Dans sa lettre, Belmadi évoque également les tensions internes, les conflits souterrains et les pressions extra-sportives qu’il aurait dû affronter durant son mandat. Il va jusqu’à dénoncer des « agitateurs aigris et autres détracteurs missionnés » et mentionne un environnement parfois toxique, où « l’adage ‘’Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis je m’en charge’’ » aurait pris tout son sens.
Interrogations légitimes ou tentative de réécriture de l’histoire ? Certains observateurs noteront l’absence d’autocritique sur les récents revers de l’EN, alors même qu’ils ont sans doute pesé dans la décision de la FAF de tourner la page. Cependant, Belmadi ne cherche pas à susciter la polémique. Il appelle à une résolution pacifique du différend : « Je viens donc vers vous aujourd’hui, aussi pour réaffirmer publiquement mon souhait le plus profond de parvenir à une conciliation amiable, fraternelle et respectueuse des uns et des autres. »
L’ancien coach ne cache pas son amertume mais garde un ton mesuré. Il conclut avec émotion : « Être à votre service a été un très grand honneur et une joie incommensurable ; je n’oublierai jamais le soutien que vous m’avez apporté. » Un adieu teinté de regret mais aussi de dignité, où transparaît un amour sincère pour l’Algérie et son football.
Reste désormais à savoir si Djamel Belmadi donnera suite à ses griefs sur le terrain juridique. Une saisie de la FIFA n’est pas à exclure, tant le différend avec la FAF semble profond. Une chose est certaine : cette lettre, dense et pleine de vérités personnelles, ne manquera pas de relancer le débat sur la gestion de la sélection nationale et sur l’avenir de ses relations avec ceux qui, hier encore, portaient le drapeau sur la scène internationale.
Tahya El Djazaïr, conclut Belmadi. Une signature qui, malgré tout, garde espoir.
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