À la veille de l’entrée en lice de l’équipe nationale d’Algérie à la CAN 2025, mercredi à Rabat face au Soudan, les analyses et prises de position se multiplient autour des Fennecs. Parmi les voix les plus écoutées figure celle de Rabah Saâdane, ancien sélectionneur emblématique de l’Algérie, surnommé « le Cheikh », qui a livré une lecture mesurée mais lucide de la situation actuelle des Verts.
Fort de plusieurs expériences à la tête de la sélection nationale, Saâdane connaît mieux que quiconque les exigences et les pièges de la Coupe d’Afrique des Nations. Son discours tranche avec l’optimisme excessif de certains supporters. Pour lui, l’Algérie ne part pas comme le grand favori de cette CAN 2025. « Je veux rester mesuré. D’autres sélections comme le Maroc ou le Sénégal sont les grands favoris », estime-t-il dans un entretien accordé à African Foot, rappelant que les deux éliminations successives dès le premier tour lors des CAN 2022 et 2024 ont laissé des traces.
Sans remettre en cause le potentiel algérien, Rabah Saâdane appelle à la prudence. « L’Algérie a une bonne équipe, du talent et des arguments techniques, mais certains joueurs vont découvrir la CAN et il y a un manque d’expérience », explique-t-il. Pour l’ancien coach, la priorité est claire : passer le premier tour avant de se projeter plus loin. Le Soudan, le Burkina Faso et la Guinée équatoriale sont, selon lui, des adversaires « accrocheurs et difficiles à jouer », capables de compliquer la tâche des Verts.
Interrogé sur la liste établie par Vladimir Petkovic, Saâdane se montre globalement satisfait. Malgré les absences notables de plusieurs cadres blessés et les débats autour de certains choix, il juge la sélection « cohérente ». Selon lui, Petkovic a logiquement privilégié des joueurs qu’il connaît bien, notamment ceux passés par la Coupe arabe, tout en gardant un œil sur l’avenir et la Coupe du monde 2026. « Il faut penser à la CAN, mais aussi au Mondial », souligne-t-il.
Le cas de Riyad Mahrez reste toutefois central dans l’analyse de Saâdane. Critiqué après une CAN ivoirienne très compliquée, le capitaine des Verts continue de diviser l’opinion. Certains estiment que son temps est passé, d’autres considèrent qu’il demeure indispensable. Rabah Saâdane tranche sans ambiguïté : l’Algérie a encore besoin de Mahrez. Certes, reconnaît-il, le joueur n’est plus celui de 2019. « Il a six ans de plus, il n’évolue plus dans le meilleur championnat du monde », admet-il. Mais son expérience, sa qualité technique et sa vision du jeu restent précieuses.
Pour Saâdane, la clé réside dans la gestion de son temps de jeu. « Il n’a peut-être plus les jambes pour jouer 90 minutes sur toute une CAN, mais sur une heure, Mahrez peut rendre de grands services s’il est en forme », assure-t-il. Un avis partagé par une partie du staff, qui voit en lui un leader capable de faire basculer un match sur une action.
Enfin, l’ancien sélectionneur dresse un bilan globalement positif du travail de Vladimir Petkovic depuis sa nomination. Objectifs atteints, qualification pour la CAN et pour le Mondial 2026, attaque prolifique : les signaux sont encourageants. Toutefois, Saâdane pointe encore des axes d’amélioration, notamment sur le plan défensif et au poste de gardien de but, où aucune hiérarchie claire ne s’est encore imposée.
À travers ses propos, Rabah Saâdane livre un message clair : ambition oui, mais sans précipitation. Pour l’Algérie, la CAN 2025 doit d’abord être celle de la reconstruction sereine, de la progression et de la confirmation. Et dans ce processus, l’expérience de joueurs comme Riyad Mahrez pourrait bien faire la différence lorsque la pression montera.


































