Il suffit parfois d’une phrase pour embraser un pays, un match, et tout le récit d’une compétition. À la veille du choc Maroc – Mali dans cette CAN 2025, c’est un simple supporter malien – filmé dans les rues de Rabat – qui s’est chargé de mettre le feu. Interrogé sur les chances de son équipe, il a lâché, sûr de lui : « On va les taper 3-1 s’ils ne parlent pas trop… sinon 5-1 ! Moi je n’ai pas peur du Maroc ! ». Quelques mots, prononcés avec un sourire défiant, et la vidéo a immédiatement circulé sur les réseaux sociaux, réveillant rivalités, fiertés et pressions dans deux nations qui se croisent avec un enjeu déjà immense. Car derrière la provocation, se cache une réalité : le football africain vit autant sur la pelouse que dans la rue, dans les cafés, sur les téléphones, dans l’adrénaline de ces moments où chacun veut exister.
Cette séquence s’inscrit dans un contexte où le Maroc, pays hôte, joue bien plus qu’une simple phase de poules. Attendu au tournant depuis des années, porté par l’ambition d’un premier titre continental depuis 1976, il aborde chaque match comme un examen national. Et le Mali, lui, arrive sans complexe : un nul décevant contre la Zambie, mais une génération qui croit en son football, portée par Lassine Sinayoko et une jeunesse qui veut casser les hiérarchies. Les supporters maliens, nombreux dans le Royaume, incarnent cette énergie : ils refusent le rôle du figurant. Les mots captés par caméra ne sont pas anodins – ils traduisent une confiance nouvelle, un désir de bousculer l’ordre établi, comme si les Aigles du Mali n’avaient plus envie de demander la permission pour rêver. Si provocation il y a, elle a aussi réveillé les Marocains, piqués dans leur orgueil et déterminés à répondre sur le terrain.
Ce choc dépasse donc le simple cadre sportif : il raconte la CAN du peuple, celle où les tribunes, les rues, et l’univers numérique créent un second match parallèle. Les internautes marocains ont répondu avec humour, fierté, et parfois colère, tandis que les Maliens assument leur audace. Finalement, le football africain vit précisément pour ces frictions. Et si l’on retient cette séquence, ce n’est pas seulement pour le sourire du supporter, mais parce qu’elle rappelle ce qui rend la CAN unique : avant même que le ballon roule, les cœurs et les mots jouent déjà. Ce Maroc – Mali s’annonce brûlant. Reste à savoir si la parole forte trouvera un écho… ou un revers.
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