Algérie Foot– Le 5 janvier 2025, Abdelhak Benchikha a décidé de mettre un terme à sa mission en tant qu’entraîneur de la JS Kabylie, à la surprise générale, après une victoire convaincante contre l’ES Guelma (2-0) en Coupe d’Algérie. Dans un entretien exclusif avec Compétition, il revient sur les raisons qui l’ont poussé à quitter le club alors même que la formation kabyle occupait la tête du classement en Ligue 1. Une décision marquée par une accumulation de faits, un sentiment de mépris et des attaques personnelles qu’il estime injustifiées.
Un départ motivé par des pressions incessantes
Abdelhak Benchikha ne cache pas sa déception et son amertume face à l’hostilité qu’il a subie tout au long de son mandat. “C’est une accumulation de faits hostiles à mon égard”, affirme-t-il d’emblée. Bien que les critiques fassent partie du quotidien des entraîneurs, Benchikha estime que les limites ont été franchies lorsque son honneur et sa dignité ont été attaqués. L’incident survenu à la mi-temps du match face à l’ES Guelma a été le point de rupture. Alors que son équipe menait confortablement 2-0, une partie du public a scandé “Benchikha dégage !” avant de l’insulter verbalement. Ce n’était pas tant la défaite qui l’a blessé, mais un geste d’une extrême gravité : un supporter lui a craché dessus. “Cela ne m’est jamais arrivé. Je me suis senti blessé dans mon honneur”, confie-t-il.
Une décision irrévocable
Confronté à cette humiliation, Benchikha n’a pas hésité à démissionner, malgré le bon parcours de son équipe. “Je pars avec le sentiment du devoir accompli”, souligne-t-il, évoquant son travail effectué malgré les conditions difficiles. Lors de l’annonce de sa démission, Benchikha a réuni ses joueurs, qui étaient à la fois surpris et déçus. “Ils ont tenté de me faire changer d’avis. En vain”, raconte-t-il. La décision de partir a été difficile, mais elle s’est imposée à lui. “Je ne voulais pas de ce traitement. J’ai constaté qu’on ne voulait vraiment pas de moi dans ce club”, précise-t-il, ajoutant qu’il n’aurait probablement pas reçu un tel traitement s’il avait été un entraîneur étranger.
Loin de fuir la pression
Certains ont pu interpréter sa démission comme une fuite face à la pression, mais pour Benchikha, cette hypothèse est absurde. “J’ai tété la pression au biberon”, rétorque-t-il. À 61 ans, il a connu les plus grandes instances du football algérien et international, notamment au CRB, au MCA, à l’USMA, mais aussi à l’étranger, où il a dirigé des clubs comme le Club Africain, le Raja de Casablanca, Berkane et Simba SC. Pour lui, la pression fait partie intégrante du métier et n’est en rien un facteur déterminant dans sa décision de quitter la JSK.
Un club qui stagne malgré des résultats encourageants
Malgré la première place au classement de la Ligue 1 et une qualification pour les 1/6 de finale de la Coupe d’Algérie, Benchikha exprime son incompréhension face à l’attitude de certains supporters. “Ils ne veulent pas voir la JSK réussir. Ils la préfèrent la voir jouer la relégation”, regrette-t-il. Pour lui, l’histoire récente de la JSK, marquée par des saisons médiocres et une lutte pour le maintien, trouve ses racines dans un rejet permanent de toute forme de stabilité, notamment vis-à-vis des entraîneurs. “Je comprends maintenant pourquoi ce légendaire club végétait dans les profondeurs du classement ces dernières années”, ajoute-t-il.
Des critiques injustifiées sur le jeu de l’équipe
Un autre point de friction a été la critique constante de la qualité du jeu proposé par l’équipe. Benchikha défend son travail en expliquant que l’équipe, composée majoritairement de nouveaux joueurs jeunes, nécessite du temps pour se mettre en place. “Je suis arrivé dans un groupe constitué à 80% de nouveaux joueurs dont la moyenne d’âge est de 23 ans. Pour construire une équipe, il faut du temps et de la patience”, explique-t-il. Selon lui, l’objectif était de renforcer la défense avant d’envisager un jeu plus offensif, un processus qui prend nécessairement du temps. Il fait également état des difficultés liées à la grave blessure de son gardien titulaire, Gaya Merbah, dont l’absence a été un coup dur pour l’équipe. “Un gardien représente 50% de l’équipe”, souligne-t-il, mettant en avant l’importance de cette position.
Le recrutement et les choix de joueurs
Benchikha a également dû faire face aux critiques concernant le recrutement, qui selon certains observateurs, n’a pas été à la hauteur des attentes. Il se défend en affirmant que tous les joueurs qu’il a recrutés sont arrivés gratuitement et ont montré des qualités intéressantes, comme Sarr, Kanouté et Ouattara. Ce dernier, bien qu’il ait eu des difficultés d’adaptation, est un attaquant expérimenté qui a brillé dans d’autres championnats. Benchikha se montre également compréhensif envers son gardien de remplacement, Benrabah, qui a manqué d’expérience pour combler l’absence de Merbah.
Un départ serein mais préoccupant pour l’avenir de la JSK
Bien que sa démission puisse créer un choc au sein du club, Benchikha ne craint pas que cela déstabilise l’équipe. “Le futur entraîneur aura à sa disposition une équipe qui commence à avoir ses propres automatismes”, déclare-t-il. Il se montre confiant quant à l’avenir de la JSK, espérant qu’un bon recrutement en hiver permettra à l’équipe de maintenir son niveau et de viser plus haut. “Je suis convaincu que la JSK ira loin et c’est tout le mal que je lui souhaite”, conclut-il.
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