La Coupe d’Afrique des nations (CAN) continue de rappeler au Maroc une faiblesse aussi cruelle que récurrente. Dès le match d’ouverture, les Lions de l’Atlas ont ravivé un vieux traumatisme en manquant un penalty pourtant capital, confirmant une tendance lourde qui poursuit la sélection marocaine depuis plusieurs éditions. En s’élançant face au gardien comorien, Soufiane Rahimi avait l’occasion idéale de lancer parfaitement le tournoi du pays hôte. Mais sa tentative, trop axiale et dénuée de conviction, a été repoussée sans trembler par Yannick Pandor, plongeant le stade dans un silence brutal dès la onzième minute. Un instant révélateur, tant le penalty, censé être une arme de maîtrise et de sang-froid, se transforme régulièrement en épreuve mentale pour le Maroc.
Ce nouvel échec ne relève pas de l’accident isolé. Les chiffres sont implacables et racontent une histoire qui dépasse le cadre d’un seul match. Sur les six derniers penalties obtenus par Morocco national football team en phase finale de la CAN, quatre ont été manqués. Une statistique lourde de sens, qui place le Maroc parmi les sélections les plus maladroites dans cet exercice depuis 2010, juste derrière la Tunisie. Dans une compétition où chaque détail peut faire basculer un destin, cette fragilité devient un handicap structurel. Elle interroge autant la préparation technique que l’approche psychologique, dans un contexte où la pression populaire, surtout à domicile, amplifie chaque geste manqué et transforme le point de penalty en zone de doute plutôt qu’en opportunité.
Cette incapacité à convertir régulièrement les occasions à onze mètres pèse d’autant plus lourd que le Maroc aborde cette CAN avec le statut de favori. L’héritage du parcours historique au Mondial 2022 a élevé les attentes, mais il a aussi renforcé l’exigence de résultats immédiats. Or, dans les grands tournois africains, les rencontres se jouent souvent sur des marges infimes, et le penalty en fait partie intégrante. Rater dans ces conditions n’est jamais anodin : cela nourrit l’adversaire, installe un doute durable et expose la sélection à des scénarios imprévisibles. Pour le Maroc, la question n’est donc plus de savoir s’il faut travailler les penalties, mais comment sortir de cette spirale mentale qui s’installe dès que le ballon est posé sur le point de réparation. Tant que cette fragilité persistera, chaque penalty obtenu sera vécu comme une épreuve plus que comme une chance. Et dans une CAN où la pression est maximale, cette faille pourrait, une fois encore, coûter bien plus qu’un simple but manqué.



































