Algérie Foot– Abdeslam Ouaddou, ancien pilier de la défense des Lions de l’Atlas et aujourd’hui coach des Marumo Gallants en Afrique du Sud, peine à comprendre les remous qui agitent le Maroc autour de Walid Regragui. Car enfin, voilà un sélectionneur fort d’une série de quatorze matches sans défaite – dont douze victoires de rang – et qui, malgré ce bilan rarissime, continue de faire l’objet de critiques virulentes.
« On doit être le seul pays au monde où l’on songe à débarquer un entraîneur invaincu », s’étonne l’ancien international aux soixante‑huit sélections, lui‑même bluffé par la constance récente des Lions de l’Atlas, lors d’une interview accordée à Afrika Foot. Les succès contre la Tunisie à Fès (2‑0, 6 juin) puis le Bénin (1‑0, 9 juin) auraient pourtant dû ramener un climat de confiance à sept mois de la CAN 2025 organisée à domicile. Mais non : les puristes reprochent à Regragui le manque de panache offensif de son équipe, comme si gagner ne suffisait plus.
Ouaddou ne balaie pas l’argument esthétique d’un revers de main : il admet qu’une sélection n’est pas toujours flamboyante, encore moins en fin de saison quand les organismes tirent la langue et qu’il faut composer sans certains cadres blessés. Mais il rappelle que le niveau africain s’est fortement densifié et que tout le monde ne peut pas se permettre d’humilier ses adversaires chaque week‑end. Pour preuve, l’an dernier, le Maroc avait déjà infligé des corrections retentissantes à la Centrafrique, au Gabon, au Congo ou encore au Lesotho, affichant alors un visage résolument offensif. Le problème n’est pas là, selon lui : c’est plutôt l’obsession, chez certains supporters et commentateurs, de chercher la petite bête jusqu’à réclamer la tête d’un technicien au moindre passage jugé terne.
Le technicien de 46 ans trace aussi un parallèle avec l’épisode Vahid Halilhodzic, évincé trois mois avant le Mondial 2022 malgré un bilan comptable flatteur. Un précédent qui nourrit sa crainte : si la défiance prend le dessus, l’équipe nationale pourrait aborder la compétition continentale avec une pression insupportable, alors qu’elle sera déjà immense en raison du facteur domicile. « Qu’on le laisse bosser », martèle‑t‑il, persuadé que le meilleur service à rendre aux joueurs est de leur offrir un environnement apaisé. D’ailleurs, il note chez Regragui une certaine crispation lors des dernières conférences de presse ; la petite phrase où le sélectionneur s’autoproclame « meilleur coach de l’histoire du Maroc » – prononcée, dit‑il, pour contextualiser la série victorieuse – a été sortie de son cadre et utilisée pour nourrir l’idée d’un ego démesuré.
Le rendez‑vous annoncé entre Regragui et le président de la Fédération, Fouzi Lekjaa, devrait clarifier les choses, même si les bruits de couloir n’évoquent pas une mise en danger immédiate. Pour Ouaddou, l’enjeu est ailleurs : remettre au centre la progression collective, profiter des infrastructures modernes et du vivier de joueurs pour viser un sacre continental longtemps attendu, puis sécuriser sereinement la route vers le Mondial 2026. Agiter aujourd’hui le chiffon rouge d’un changement de staff serait, selon lui, un contresens absolu. Le Maroc dispose de tous les ingrédients pour réussir ; il lui faut désormais la patience et la confiance pour les laisser mijoter.
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