Algérie Foot– L’ancien international algérien Arafat Mezouar, figure marquante du football national et artisan des succès du CR Belouizdad à la fin des années 1990, s’est confié dans un long entretien accordé à Echorouk News. Sans détour, il a évoqué son parcours, ses regrets en sélection nationale et ses souvenirs les plus marquants dans les clubs où il a évolué. Entre fierté et amertume, l’ancien milieu offensif a livré un témoignage sincère sur sa carrière et sur l’évolution du football algérien.
Dès les premiers instants de l’interview, Mezouar s’est montré optimiste concernant l’avenir de l’équipe nationale. Selon lui, la génération actuelle possède les atouts nécessaires pour redorer le blason des Fennecs après les déceptions des dernières années. « Nous avons des joueurs capables de faire la différence comme Mahrez, Bensebaïni, Mandi ou encore Amoura. Avec un travail collectif et une bonne gestion, cette équipe peut aller loin », a-t-il estimé.
Un parcours riche, forgé par la passion et la persévérance
Originaire de Hammam Bouhadjar, dans la wilaya d’Aïn Témouchent, Arafat Mezouar a débuté sa carrière dans son club natal avant de rejoindre le Chabab Témouchent, et enfin l’ASM Oran (connue à l’époque sous le nom de Association sportive d’Oran). C’est là qu’il attire l’attention des observateurs par sa technique raffinée et sa vision du jeu.
Son véritable envol se produit lorsqu’il rejoint le CR Belouizdad, à la fin des années 1990, grâce au défunt président Sâlmi El-Djilali, qui croyait fermement en son talent. « Le président m’avait dit clairement : “Avec toi, Belouizdad redeviendra champion”. Et c’est exactement ce qui s’est produit », raconte Mezouar avec émotion.
Sous le maillot du Chabab, il participe à la renaissance du club et remporte deux championnats consécutifs en 2000 et 2001. Il se souvient d’une ambiance familiale et d’une relation exceptionnelle avec les supporters : « À Belouizdad, j’ai trouvé le respect, la confiance et la stabilité. Cela m’a poussé à me donner à fond pour le club. »
Malgré des offres intéressantes de la JS Kabylie, de la MC Alger et de l’USM Blida, Mezouar choisit de rester fidèle à Belouizdad, club qui l’a révélé au grand public.
Une expérience à l’étranger avant un retour triomphal
Après quatre saisons pleines à Alger, Mezouar décide en 2003 de tenter une expérience dans le championnat des Émirats arabes unis, une aventure qu’il qualifie aujourd’hui de « formatrice et enrichissante ». Toutefois, l’appel du pays finit par le rattraper. De retour en Algérie, il rejoint successivement la JS Kabylie, puis la MC Oran, où il vivra l’un des plus beaux chapitres de sa carrière.
Avec les Hamraoua, Mezouar
joue un rôle majeur dans la remontée du club en première division.
« La Mouloudia d’Oran, c’est un club mythique. Quand on te propose
d’aider une équipe pareille à retrouver sa place parmi l’élite, tu
ne peux pas refuser. C’était ma manière d’offrir un cadeau aux
supporters de l’Ouest algérien », explique-t-il.
Sous la direction de l’entraîneur Nadjib Mejaâj, et aux côtés de joueurs
comme Kechamli,
Benatia,
Wasfi ou
Mazari, il
contribue activement à ce retour tant espéré en D1.
Le lourd souvenir du match face à l’ASEC Mimosas
Parmi les épisodes marquants de sa carrière, Mezouar revient aussi sur la fameuse défaite du CR Belouizdad face à l’ASEC Mimosas (7-0) en Coupe d’Afrique. Longtemps entourée de rumeurs, cette rencontre a laissé une cicatrice durable dans l’histoire du club. L’ancien milieu de terrain tient à rétablir la vérité : « Il n’y a jamais eu de complot ni de trahison. Nous étions décimés par les blessures, plusieurs titulaires étaient absents, et les conditions de déplacement étaient très compliquées. »
Il affirme avoir réalisé une première mi-temps solide avant d’être remplacé à la pause, un choix de l’entraîneur qu’il n’a jamais compris. « Après ma sortie, l’équipe a encaissé cinq buts. Certains ont voulu faire porter la responsabilité aux joueurs, mais la vérité finira par être dite un jour », insiste-t-il.
C’est après sa réussite à Oran qu’il décide de raccrocher définitivement les crampons à 35 ans, satisfait de terminer sur une note positive.
« Madjer m’a puni à cause d’un téléphone ! »
Interrogé sur sa carrière internationale, Arafat Mezouar ne cache pas une certaine amertume. Sélectionné à la fin des années 1990 et au début des années 2000, il estime ne pas avoir reçu la reconnaissance qu’il méritait. « J’aurais dû participer à trois CAN : celle de 2000 avec Sanjak, celle de 2002 avec Madjer, et celle de 2004 sous Saâdan. Mais à chaque fois, il y a eu un obstacle. »
Il raconte notamment un incident marquant survenu sous la direction de Rabah Madjer : « Un jour, mon téléphone a sonné pendant une réunion. Ce n’était pas volontaire, mais Madjer l’a mal pris. Il a interprété cela comme un manque de discipline et m’a écarté du groupe. C’était injuste, et cela a freiné ma carrière internationale. »
Malgré cela, Mezouar dit garder du respect pour tous les entraîneurs qu’il a connus, y compris Sanjak et Saâdan, tout en regrettant le manque de confiance accordé aux joueurs locaux. Il cite plusieurs noms, comme Boukessassa, Baji, Talis ou Ali Moussa, qui selon lui « avaient le niveau pour jouer avec les Verts, mais n’ont jamais eu leur chance ».
Confiance prudente envers Petkovic et la nouvelle génération
Sur la situation actuelle du football algérien, Mezouar reste mesuré mais confiant. Il estime que Vladimir Petkovic a posé les bases d’une équipe solide malgré quelques imperfections. « Il y a du potentiel et du sérieux. L’important, c’est de tirer les leçons du passé et d’aborder la prochaine CAN avec ambition », a-t-il souligné.
Parmi les jeunes talents, il cite le nom de Mazzeh, qu’il considère comme « le futur numéro 10 de l’équipe nationale ». Il plaide aussi pour une meilleure reconnaissance des joueurs du championnat local : « Des éléments comme Khacef, Benayada ou Halaimia méritent qu’on leur accorde la même considération que les expatriés. »
À travers cet entretien riche et sans langue de bois, Arafat Mezouar se dévoile comme un passionné du ballon rond, fier de son parcours mais lucide sur les réalités du football algérien. Sa parole résonne comme celle d’un homme qui a tout donné pour son club et pour le maillot national, et qui aspire à voir une nouvelle génération poursuivre ce chemin avec courage, mérite et authenticité.
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