Algérie Foot– Le président de la Fédération du Sénégal de football, Augustin Senghor, ne mâche pas ses mots. À la suite de sa défaite lors des élections du Conseil de la FIFA en mars dernier, l’ex-numéro deux de la CAF est sorti de son silence pour dénoncer, avec force, ce qu’il considère comme une dérive dans la gouvernance du football africain. Dans le viseur : la domination croissante du Maroc et le rôle passif de la Confédération africaine de football.
Augustin Senghor n’a récolté que 13 voix sur 53 lors du scrutin, un revers sévère pour celui qui, jusqu’alors, occupait une place stratégique dans les hautes sphères du football continental. Pour lui, cet échec symbolise le recul de l’influence de l’Afrique subsaharienne, au profit d’un bloc nord-africain, avec le Maroc, l’Égypte et la Mauritanie comme principaux bénéficiaires.
Invité sur la chaîne sénégalaise 2STV, le dirigeant n’a pas tourné autour du pot : « Ce n’est pas le président de la Fédération marocaine qui est fort, c’est le Maroc qui a réussi à imposer ses intérêts à la CAF. » Il accuse les responsables arabophones d’avoir verrouillé les postes-clés de l’organisation, au point de fausser l’équilibre géographique et politique du football africain.
Senghor va plus loin en fustigeant une CAF qu’il estime trop complaisante : « Toutes les fédérations africaines ont été livrées au Maroc. Ce n’est pas de la coopération, c’est de la dépendance. » Pour lui, cette domination nuit à la diversité et fragilise les fondements démocratiques du sport sur le continent.
Parmi les pratiques qui dérangent le plus le patron du foot sénégalais, figure celle des matchs “à domicile” disputés par le Maroc contre des sélections qui n’ont pas de stade homologué. « Quand le Niger reçoit le Maroc… au Maroc, ça pose question. Et encore plus quand c’est le Maroc qui prend en charge les frais de l’équipe adverse. Ce n’est plus du sport, c’est du lobbying. »
Senghor ne s’arrête pas là. Il critique également l’atmosphère générale au sein de la CAF, évoquant un désintérêt grandissant pour les compétitions africaines au profit de celles du monde arabe : « On parle plus de la Coupe arabe que de la CAN. C’est inquiétant. » Il en appelle à une révision profonde du mode de gouvernance et à un sursaut des responsables africains, politiques compris.
« Aujourd’hui, 10 % du continent semble parler au nom de 90 % des Africains. Ce n’est pas acceptable. Nos chefs d’État doivent se saisir du dossier. L’indépendance africaine passe aussi par la maîtrise de nos instances sportives. »
En s’exprimant aussi frontalement, Augustin Senghor bouscule les habitudes feutrées des coulisses de la CAF. Reste à savoir si sa prise de parole réveillera les consciences ou s’il restera, pour l’instant, une voix isolée dans le tumulte du foot africain.
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