La soirée inaugurale de la CAN 2025 devait être une célébration totale pour le Maroc, pays hôte porté par son public, son stade flambant neuf et l’élan d’une génération ambitieuse. Elle a pourtant été marquée par une image forte : celle de Romain Saïss quittant prématurément la pelouse du stade Prince Moulay Abdellah, le visage fermé et les yeux embués, à peine vingt minutes après le coup d’envoi face aux Comores. Le capitaine des Lions de l’Atlas, pilier défensif et leader émotionnel du groupe, a ressenti une gêne musculaire inhabituelle dès les premières minutes. Un signal d’alerte qu’il n’a pas ignoré, conscient de l’enjeu collectif et de la longueur du tournoi. Dans une compétition où chaque détail compte, Saïss a préféré céder sa place plutôt que de risquer une blessure plus grave, laissant derrière lui un mélange de frustration personnelle et de responsabilité assumée.
L’intéressé a lui-même reconnu le caractère déroutant de cette alerte physique, expliquant n’avoir jamais connu une telle sensation auparavant. Une douleur diffuse, située près du genou, sans signe évident de rupture, mais suffisamment dérangeante pour l’inciter à la prudence. Dans ce contexte particulier – une CAN disputée à domicile, sous le regard de tout un peuple – la décision de sortir n’a pas été facile à prendre. Saïss sortait tout juste d’une longue période de soins à la cheville et avait méticuleusement préparé ce rendez-vous continental, tant sur le plan physique que mental. Son discours après la rencontre a traduit à la fois la déception de manquer ces premières minutes si symboliques et une lucidité rare : l’intérêt du collectif devait primer. Le relais assuré par son remplaçant, solide et appliqué, a permis au Maroc de conserver son équilibre défensif et de sécuriser un succès maîtrisé.
Cette alerte, si elle n’a pas remis en cause la victoire inaugurale, pose néanmoins une question centrale pour la suite du parcours marocain. La CAN est un marathon, pas un sprint, et la gestion des organismes sera déterminante dans les semaines à venir. Le staff médical se veut rassurant, privilégiant une évaluation approfondie avant toute projection. De son côté, Saïss affiche une attitude résolument positive, prêt à soutenir ses coéquipiers quel que soit son état de forme immédiat. Son message est clair : le collectif passe avant tout, et un titre continental à domicile vaudrait tous les sacrifices individuels. À l’approche du prochain rendez-vous face au Mali, le Maroc avance donc entre vigilance et ambition, avec l’espoir de retrouver rapidement son capitaine, mais surtout avec la conviction que la solidité mentale du groupe sera l’un de ses atouts majeurs dans la quête du sacre.



































