Algérie Foot– En mandat de dépôt depuis mercredi dernier, Kheireddine Zetchi, ancien président de la Fédération algérienne de football (FAF), se retrouve dans une situation délicate, avec un avenir judiciaire incertain. L’homme, qui a dirigé la FAF de 2017 à 2021, fait face à plusieurs accusations, dont certaines risquent de compliquer davantage son cas. Bien que l’enquête ait été lancée pour des anomalies financières, en particulier en ce qui concerne le contrat avec Adidas, deux autres griefs pourraient se révéler encore plus lourds de conséquences. Le Maroc y a été pour beaucoup dans l’incarcération de Zetchi, selon nos confrères de La Gazette du Fennec.
Auditionné à deux reprises, en juillet et en octobre, Zetchi a répondu aux accusations de la justice algérienne. Après les premières conclusions de l’enquête, le juge a ordonné son incarcération, en attendant un jugement final. Mais ce sont surtout les aspects financiers de sa gestion qui suscitent une attention particulière.
Le contrat avec Lucas Alcaraz : un lourd fardeau financier
Le premier grief majeur repose sur la gestion des finances de la FAF, notamment le contrat signé avec l’entraîneur espagnol Lucas Alcaraz. Lorsque Zetchi a pris la tête de la Fédération, il a pris la décision unilatérale d’engager Alcaraz, dont le contrat était particulièrement avantageux pour l’entraîneur. Celui-ci touchait 60.000 euros par mois, une somme considérable à l’époque, en plus de nombreuses primes et clauses avantageuses. Un montant de résiliation de 180.000 euros, soit trois mois de salaire, a dû être versé par la FAF après la décision de l’évincer. Cette somme a été déboursée au détriment des finances publiques, et l’on parle d’argent du contribuable pour assumer cette erreur de gestion.
Un autre point litigieux concerne l’intervention d’un agent marocain, qui a touché 30.000 euros pour faciliter la venue d’Alcaraz, selon ladite source. Ce même intermédiaire a perçu 10.000 euros supplémentaires pour organiser un match amical entre la Guinée et l’Algérie. La FAF a également payé les frais du séjour de l’équipe guinéenne, alors que cette équipe ne faisait pas partie des meilleures sélections africaines à l’époque. Bien que certains affirment que Zetchi aurait utilisé ses propres fonds pour indemniser Alcaraz, les erreurs de gestion restent flagrantes et pèsent lourdement dans le dossier judiciaire de l’ex-président de la FAF.
L’échec politique à la CAF : une erreur diplomatique lourde de conséquences
Au-delà des questions financières, un autre dossier pourrait également se retourner contre Zetchi : son échec au sein de la Confédération africaine de football (CAF) en 2018. À cette époque, Zetchi avait pris la décision de se retirer des élections du Comité exécutif de la CAF, expliquant qu’il n’avait pas eu le temps nécessaire pour faire campagne après que sa candidature ait été rejetée puis réhabilitée par le TAS. Cette décision a été perçue par certains comme un manque d’ambition, voire une forme de désengagement vis-à-vis des enjeux du football continental.
Mais c’est surtout l’abstention de Zetchi lors du vote sur l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) comme membre de la CAF qui a provoqué des remous. Alors que le Maroc avait manœuvré pour empêcher cette admission, Zetchi ne s’est pas opposé, se contentant de s’abstenir lors de l’Assemblée générale ordinaire et élective de la CAF en mars 2018. Si Zetchi a justifié sa position en affirmant que sa décision était conforme à celle de l’Algérie, d’autres ont estimé qu’il n’avait pas pris une position ferme face aux manœuvres diplomatiques en cours. Cette abstention a été perçue comme une forme de démission face à des enjeux géopolitiques majeurs, d’autant plus que cette session de la CAF avait des conséquences lourdes sur le plan diplomatique et sportif.
Un avenir incertain
Au regard de ces trois griefs – la gestion des finances de la FAF, les erreurs liées à l’engagement d’Alcaraz et l’échec diplomatique à la CAF – l’avenir judiciaire de Kheireddine Zetchi apparaît incertain. Bien qu’il ait tenté de justifier ses actes, notamment en affirmant qu’il avait agi dans l’intérêt du football algérien, les conséquences de ses décisions pourraient s’avérer bien plus lourdes. La justice devra maintenant trancher sur ces différents points et déterminer si l’ancien président de la FAF devra répondre de ses actes devant les juridictions compétentes.
En attendant, Zetchi reste en détention, et les spéculations autour de sa possible acquittement se multiplient. Mais les charges à son encontre semblent suffisamment sérieuses pour que son cas ne soit pas aussi facile à défendre qu’il ne l’aurait espéré.
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