À l’heure où la Coupe d’Afrique des nations entre dans sa phase décisive, certaines paroles résonnent plus fort que d’autres. Celles de Rigobert Song font partie de cette catégorie. Ancien capitaine emblématique du Cameroun, puis sélectionneur confronté à toutes les réalités du football africain moderne, Song n’a pas hésité à placer l’Algérie parmi les grands favoris du tournoi. Son analyse, dénuée de calcul diplomatique, repose sur une lecture pragmatique des forces en présence. Pour lui, la clé est simple : réussir l’entame. Dans une compétition où la confiance se construit match après match, bien débuter revient souvent à libérer tout un groupe. À ses yeux, l’Algérie possède déjà l’essentiel : une identité forgée par l’exigence, un vécu commun et cette capacité à transformer la pression en énergie.
Cette reconnaissance venue d’un acteur aussi expérimenté n’est pas anodine. L’Algérie arrive à cette CAN avec un statut particulier, entre héritage et besoin de confirmation. Championne continentale en 2019, elle a ensuite traversé une zone de turbulences, marquée par des éliminations précoces et une remise en question profonde. Mais depuis, le chantier a été repris méthodiquement. La sélection a retrouvé de la cohérence, un équilibre entre cadres aguerris et profils plus dynamiques, capables d’apporter intensité et verticalité. C’est précisément ce mélange que souligne implicitement Song lorsqu’il évoque la « rage » et l’« engagement » algériens. Dans le football africain, ces notions ne relèvent pas du discours abstrait : elles se traduisent par la capacité à gagner les duels, à tenir mentalement dans l’adversité et à imposer un tempo, même lorsque le match se crispe.
Reste désormais à transformer ce potentiel en certitudes. L’Algérie sait qu’à la CAN, le statut de favori peut devenir un fardeau si l’on tarde à l’assumer. Song l’a rappelé avec justesse : la suite dépendra du départ. Une entrée en matière réussie permettrait d’installer un climat de confiance, de faire taire les doutes résiduels et de rappeler à tout le continent que les Verts n’ont jamais quitté le cercle des prétendants sérieux. À l’inverse, un faux pas relancerait immédiatement les interrogations. Mais c’est précisément ce rapport au risque qui définit les grandes équipes. En plaçant l’Algérie au sommet de la hiérarchie avant même le verdict du terrain, Rigobert Song ne flatte pas, il avertit. Il rappelle que les qualités sont là, visibles, reconnues. Désormais, le terrain doit parler. Et dans une CAN où l’intensité émotionnelle dépasse souvent la tactique, l’Algérie sait qu’elle avance observée, attendue… et respectée.



































