L’absence de Youssef Msakni de la CAN 2025 marque un tournant symbolique dans l’histoire récente du football africain, et plus particulièrement dans celle des confrontations entre la Tunisie et l’Algérie. Pour la première fois depuis 2010, les Aigles de Carthage devront composer sans leur figure la plus emblématique, un joueur qui a incarné à lui seul une génération entière. Son forfait, lié à un manque de compétition et à une condition physique insuffisante après une longue période sans activité, prive la Tunisie de son leader technique et émotionnel. À 34 ans, malgré un retour médiatisé dans le championnat tunisien, Msakni n’a pas retrouvé le rythme nécessaire pour disputer une compétition aussi exigeante. Pour les observateurs, cette absence dépasse le simple cadre sportif : elle symbolise la fin progressive d’une ère, celle d’un joueur qui a longtemps porté la Tunisie dans les grands rendez-vous continentaux.
Du point de vue algérien, cette nouvelle est accueillie avec un soulagement à peine dissimulé. Youssef Msakni a toujours été considéré comme l’une des plus grandes “terreurs” des Fennecs sur la scène africaine. Son nom reste indissociable de souvenirs douloureux, notamment ce but mythique inscrit en 2013, une frappe lointaine dans la lucarne à la toute dernière minute, qui avait privé l’Algérie d’un résultat et marqué durablement les esprits. Au-delà de ce but resté dans les annales, le Tunisien a souvent pesé dans les confrontations directes, par ses appels, sa vision du jeu et sa capacité à provoquer des déséquilibres, parfois même sans marquer. Le voir absent d’une CAN organisée dans un contexte de rivalités régionales fortes constitue donc une excellente nouvelle pour l’Algérie, qui évite de croiser un adversaire historiquement capable de faire basculer un match à lui seul.
Sur le plan historique, Msakni laisse derrière lui un héritage exceptionnel. Huit participations à la Coupe d’Afrique des Nations, un record partagé avec quelques légendes du continent, sept buts inscrits dans la compétition, et surtout une longévité rare à ce niveau. Il aura été le premier Tunisien à marquer lors de quatre éditions différentes, et l’un des rares joueurs arabes à se montrer décisif sur autant de tournois consécutifs. Son absence à la CAN 2025 n’efface en rien son impact, mais elle redistribue les cartes. Pour la Tunisie, c’est un défi de taille : apprendre à exister sans son repère historique. Pour l’Algérie, en revanche, c’est une opportunité stratégique et mentale. Ne plus avoir à gérer ce joueur si souvent synonyme de danger enlève un poids psychologique non négligeable. Dans une compétition où chaque détail compte, l’absence d’une telle menace peut parfois valoir bien plus qu’un simple avantage tactique.



































