Le regard porté par certains observateurs extérieurs sur le travail de Vladimir Petkovic avec l’équipe d’Algérie tranche nettement avec les débats souvent passionnels qui entourent les choix des sélectionneurs africains. Cette fois, c’est un journaliste égyptien reconnu pour son franc-parler qui a mis en lumière ce que beaucoup n’osaient pas encore formuler aussi clairement : l’Algérie a fait un pari assumé, réfléchi et profondément courageux. En décidant d’aborder la Coupe d’Afrique des Nations avec une ossature rajeunie et une douzaine de joueurs découvrant pour la première fois l’exigence d’un tournoi continental, Petkovic a rompu avec une tradition prudente, parfois conservatrice. Là où ses prédécesseurs misaient sur l’expérience immédiate pour sécuriser le présent, le technicien helvétique a préféré regarder plus loin, convaincu que le très haut niveau se construit aussi par l’audace et la projection.
Ce choix n’a pourtant rien d’un saut dans l’inconnu. Derrière l’intégration de profils comme Maza ou Haj Moussa, il y a une lecture précise des besoins de l’équipe nationale et une compréhension fine de l’évolution du football africain. Petkovic n’a pas empilé les jeunes par effet de mode ou pour envoyer un signal politique ; il a sélectionné des joueurs capables d’assumer la pression, d’absorber l’intensité et de s’inscrire rapidement dans un cadre collectif exigeant. C’est là que réside la subtilité de sa démarche : cette jeunesse n’est pas opposée à l’expérience, elle la complète. Le sélectionneur a volontairement conservé des cadres pour encadrer cette nouvelle génération, créer des repères et assurer une transmission sur le terrain. Le résultat est un groupe hybride, énergique, ambitieux, qui ne renie ni l’histoire récente de l’Algérie ni son besoin de renouvellement.
Aux yeux de plusieurs analystes, ce mélange donne à la sélection algérienne une dimension particulière dans cette CAN. L’équipe paraît libérée, affamée, moins prisonnière des échecs passés et davantage tournée vers ce qu’elle peut devenir. Cette approche offre aussi une marge de progression précieuse au fil du tournoi, un facteur souvent déterminant dans les compétitions longues. L’Algérie ne se contente plus de défendre un statut ; elle se redéfinit en temps réel. Si le pari comporte toujours une part de risque, il traduit surtout une vision claire et une confiance assumée dans le potentiel local. À ce titre, le travail de Petkovic dépasse le simple cadre d’une campagne africaine : il dessine une trajectoire. Et c’est précisément ce qui amène certains observateurs à penser que l’Algérie ne sera pas un figurant, mais bien un acteur majeur de cette CAN.

































