Lakhdar Belloumi, légende éternelle du football algérien, n’est pas homme à distribuer les compliments au hasard. Pourtant, lorsqu’il évoque Ibrahim Maza, son discours devient limpide, presque admiratif. « Il est le chef de file de cette nouvelle génération », a-t-il déclaré, persuadé qu’un talent hors normes est en train d’éclore sous les yeux de l’Europe et de l’Algérie. Une reconnaissance venant d’un maestro comme Belloumi a toujours un poids considérable et reflète l’impact grandissant du jeune joueur dans le football moderne.
Cette semaine encore, Maza a fait parler de lui d’une manière spectaculaire. Le Bayer Leverkusen, tout juste battu en Bundesliga par Dortmund, retrouvait son rival en huitième de finale de la Coupe d’Allemagne, cette fois dans l’antre bouillonnante du Signal Iduna Park. Les intentions étaient claires : prendre une revanche et se relancer. Dès le coup d’envoi, Dortmund impose son rythme et semble capable d’étouffer les visiteurs, mais un fait de match va tout renverser. À la 34e minute, Maza, lancé dans la profondeur par un service millimétré de Grimaldo, part défier Kobel. Le premier duel est repoussé, mais le jeune Algérien insiste, lutte, résiste au retour d’Emre Can et d’Anton, et finit par pousser le ballon au fond. Trois tentatives pour un but d’abnégation, un but construit uniquement sur la volonté de ne pas renoncer. Le public dortmundois se fige, incapable de comprendre comment ce gamin de 19 ans a pu s’arracher ainsi.
Mais réduire sa prestation à ce seul but serait une erreur. Maza a livré un match complet, impressionnant, étincelant dans l’engagement. On l’a vu tacler, presser, revenir défendre dans sa propre surface, couper des contres dangereux et gêner systématiquement la construction adverse. Son volume de jeu a rappelé celui d’un milieu complet, capable d’éteindre des attaques tout en dynamisant l’avant. Une attitude et une générosité saluées par les supporters comme par les médias allemands, unanimes pour placer l’Algérien comme l’homme du match.
Grâce à lui, Leverkusen s’impose 1-0 et se qualifie pour les quarts de finale, où une belle histoire attend Maza : un déplacement à Berlin pour y affronter le Hertha, son club formateur. L’occasion parfaite de prouver encore une fois qu’il a franchi un cap et que son évolution est réelle. De son côté, Ramy Bensebaini a fait une courte apparition en fin de match, sans pouvoir modifier le destin d’un Dortmund impuissant.
Les mots de Belloumi résonnent alors comme une évidence. Maza n’est pas seulement un jeune talent plein de promesses ; il incarne une nouvelle ère, plus technique, plus moderne, plus intense. À son âge, peu de joueurs affichent une telle maturité dans le jeu et une telle force mentale. S’il continue sur ce rythme, il pourrait bien devenir ce leader que l’Algérie attend depuis longtemps. Et pour beaucoup, ce n’est que le début d’une trajectoire qui s’annonce exceptionnelle.



































