Le virage acté par la Confédération africaine de football autour de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) marque sans doute l’un des changements les plus structurants de l’histoire de la compétition. En décidant de faire passer la CAN à un rythme quadriennal à partir de 2027, la CAF rompt avec une tradition vieille de plusieurs décennies et assume une vision plus stratégique de son produit phare. Longtemps disputée tous les deux ans, parfois au prix de contraintes sportives et logistiques lourdes, la CAN souffrait d’une image paradoxale : immense sur le plan émotionnel, mais fragilisée par un calendrier jugé trop dense. Ce réajustement vise à redonner à la compétition une rareté synonyme de prestige, en renforçant l’attente populaire et la préparation des sélections, tout en offrant aux organisateurs une marge de manœuvre bien plus confortable.
Ce changement de cadence répond aussi à une réalité devenue impossible à ignorer : l’évolution du football mondial. Les joueurs africains sont aujourd’hui massivement présents dans les plus grands championnats européens, soumis à des saisons interminables et à une accumulation de matchs souvent critiquée. En espaçant la CAN, la CAF cherche à protéger ses talents, à limiter les conflits avec les clubs et à instaurer un dialogue plus apaisé avec les ligues étrangères. Sur le plan sportif, ce nouveau format permet aux sélections de construire de véritables cycles, avec une identité claire et un projet à moyen terme, plutôt que de fonctionner dans l’urgence permanente. La CAN devient ainsi un sommet, l’aboutissement d’un processus, et non plus une échéance quasi permanente qui laissait peu de place à l’analyse et à la progression.
Au-delà du calendrier, cette réforme traduit une ambition plus large : repositionner la CAN comme un événement mondial à part entière. En gagnant en lisibilité et en stabilité, la compétition africaine renforce son attractivité auprès des diffuseurs, des sponsors et des partenaires institutionnels. Elle s’inscrit désormais dans une logique de rendez-vous majeur, comparable aux grandes compétitions continentales, capable de capter l’attention du public bien au-delà de l’Afrique. Pour les supporters, l’enjeu est clair : moins de CAN, mais une CAN plus intense, mieux organisée et plus disputée. Pour la CAF, le pari est audacieux mais assumé : moderniser sans renier l’ADN d’un tournoi unique, où la ferveur, l’imprévisibilité et l’identité restent intactes. Le succès de cette transition se mesurera sur le terrain, mais une chose est sûre : la CAN ne sera plus jamais perçue de la même manière.
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