À l’approche du déplacement ô combien périlleux au Caire, là où Al Ahly effraie la quasi-totalité de ses adversaires, Josef Zinnbauer affiche un calme déconcertant. Le technicien allemand sait qu’il va défier un mastodonte continental dans son antre du Cairo Stadium, mais rien, dans son attitude, ne laisse transparaître la moindre inquiétude. Depuis plusieurs jours, il travaille dans une discrétion absolue, loin des regards et surtout loin des certitudes.
Zinnbauer a passé au crible le jeu d’Al Ahly, qu’il connaît d’autant mieux qu’il a supervisé plusieurs de ses joueurs en sélection, que ce soit avec la locale ou lors de ses missions précédentes en Égypte. Sa préparation a été méticuleuse : analyse vidéo poussée, décryptage des mécanismes offensifs des Égyptiens, étude de leurs temps faibles. Mais pour ce qui concerne sa propre stratégie, il a verrouillé toute information. Pas une fuite, pas un indice, pas même une tendance. Rien ne filtre du centre d’entraînement, et ce mutisme n’a rien d’un hasard.
Selon des indiscrétions, Zinnbauer aurait testé pas moins de quatre schémas différents ces derniers jours, alternant les organisations comme pour brouiller les pistes. Il craint que des émissaires égyptiens tentent d’observer les séances, et le coach a donc changé les dispositifs quotidiennement. Lui qui affectionne habituellement le 4-4-2 s’est même aventuré sur du 3-5-2 ou encore du 4-3-3, multipliant les permutations et les essais audacieux. Bada a été vu tantôt en meneur, tantôt sur un côté. Boudebouz a été repositionné plusieurs fois. En attaque, Mahious et Messaoudi se sont relayés en pointe, sans que cela ne révèle la moindre hiérarchie définitive.
Ce brouillard tactique complique toute lecture. Depuis l’entame de la saison, c’est bien la première fois que Zinnbauer dispose de son effectif au complet, ce qui lui donne l’embarras du choix. De là à deviner la configuration qu’il choisira au Caire, il n’y a qu’un pas… que personne ne semble en mesure de franchir. Ce qui apparaît certain, en revanche, c’est que le onze de départ sera remanié par rapport au dernier match contre le CSC.
Le coach allemand respecte profondément la qualité d’Al Ahly, conscient du talent individuel et de la puissance collective des Égyptiens. Mais il estime avoir identifié des failles exploitables, ce qui constitue, à ses yeux, une avance psychologique sur l’entraîneur danois du Ahly, lui aussi parfaitement renseigné sur la JSK. Zinnbauer pourrait même opter, contre toute attente, pour une défense à trois centraux, une configuration qu’il n’a pourtant jamais utilisée cette saison. Une première demi-heure prudente est attendue, avant d’adapter le plan en fonction du déroulement du match – un procédé qui lui avait déjà réussi contre le CSC.
L’objectif affiché reste clair : ramener au minimum un point du Caire afin de bien lancer la phase de groupes. Avec un effectif complet, des doublures fiables et une marge de manœuvre tactique plus large que jamais, Zinnbauer pourrait bien réserver quelques surprises. Reste à savoir si son jeu de dupes portera ses fruits face à un adversaire qui, lui aussi, avance masqué.

































