Algérie Foot – Dans une entrevue exclusive avec So Foot, Amine Amoura, actuellement meilleur buteur du championnat belge pour sa première saison à l’Union, partage son bilan à mi-saison, évoque son parcours atypique depuis l’Algérie jusqu’en Europe, et détaille les défis qui ont marqué son ascension.
Amine Amoura revient sur la fin mitigée de sa saison précédente avec Lugano en Suisse. Malgré des performances constantes, les à-côtés ont entravé son rendement. Son transfert tardif à l’Union a initialement retardé sa préparation, mais la compréhension préalable du schéma tactique a facilité son intégration, lui permettant de devenir le meilleur buteur du championnat belge.
« Je suis vraiment satisfait, et je suis convaincu que je peux encore faire mieux. Mon transfert s’est finalisé assez tard, donc ça a un peu retardé ma préparation d’avant-saison. Mais j’avais déjà un visuel sur le schéma tactique de l’équipe et les envies du coach, ce qui m’a permis de rattraper le temps et de réaliser mes performances actuelles. », a-t-il déclaré.
Choix décisif : Anderlecht vs. l’Union
L’international algérien révèle les négociations avancées avec Anderlecht et les offres de clubs français (Metz et Toulouse) pendant l’été. Or, des complications financières avec Lugano l’ont conduit à saisir l’opportunité de rejoindre l’Union. Les conseils de compatriotes jouant en Belgique ont renforcé sa décision.
« J’avais deux offres de clubs français (Metz et Toulouse, NDLR) et une d’Anderlecht. Avec Anderlecht, les négociations étaient d’ailleurs bien avancées, mais financièrement, ça a coincé avec Lugano, donc j’ai sauté sur l’occasion de signer à l’Union. La première chose que j’ai faite, c’est appeler Abdelkahar Kadri et Adem Zorgane (internationaux algériens, évoluant respectivement à Courtrai et Charleroi, NDLR). Ils m’ont dit de foncer, que j’allais kiffer Bruxelles et que le championnat correspondrait complètement à mes attentes. J’ai bien fait de les écouter. », a déclaré Amoura.
Des racines modestes à la gloire
Originaire d’Oudjana, près de Jijel, Amoura partage son parcours depuis les débuts modestes à l’ASS de Jijel, club de la police locale. Il évoque son passage chez l’entraîneur du club, soulignant la nécessité de quitter son village pour poursuivre son rêve de devenir footballeur professionnel.
« J’ai grandi à Oudjana, une petite ville près de Jijel (dans le Nord-Est de l’Algérie). C’est là-bas que je fais mes débuts, avant de passer des essais à l’ASS de Jijel, le club de la police locale. En Afrique, beaucoup de clubs appartiennent à des corporations, et ce club accueillait justement les enfants de policiers de la ville. Ce qui n’était absolument pas mon cas. (Rires.) J’ai donc été retenu, mais il a fallu que je quitte mon village, car j’habitais trop loin. L’entraîneur de l’ASS m’a ainsi accueilli chez lui, avec sa famille, et je rentrais chez moi en fin de semaine. », a-t-il révélé.
Famille, passion, et la route vers l’Europe
Amoura révèle que son père est agriculteur et sa mère femme au foyer, précisant que le football est une passion solitaire au sein de sa fratrie. Il partage le soutien de sa famille et l’équilibre qu’il trouve en coupant du sport une fois de retour chez lui. « Mon père est agriculteur et ma mère est femme au foyer. Nous sommes une fratrie de cinq : quatre garçons et une fille. Et je suis le seul qui aime le football. (Rires.) Enfin, les autres suivent cela comme des supporters lambda, sans vraiment s’y intéresser. Et franchement, ça me fait du bien. », a-t-il souligné.
Malgré le refus initial du Paradou, Amoura a persisté, gagnant la Coupe d’Algérie des moins de 13 ans avec l’ASS. Son parcours tumultueux l’a finalement conduit à l’ES Sétif à l’âge de 18 ans, marquant ainsi le début de sa carrière professionnelle. « Je disais que chaque joueur a un plan, mais le mien ne s’est dessiné que lorsque j’ai signé mon contrat pro avec Sétif. Avant cela, devenir footballeur ne m’avait jamais traversé l’esprit. Je jouais parce que j’aimais ce sport, mais en faire mon métier, en tant qu’adolescent de village, je n’y avais jamais songé. Quand j’ai été refusé par le Paradou. C’est l’une des seules fois où j’ai pleuré pour du football. », a-t-il conclu.
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