Un simple échange capté entre deux techniciens a suffi à enflammer le débat footballistique et à faire ressortir l’estime internationale qui entoure Didier Deschamps. Walid Regragui, sélectionneur du Maroc et figure montante du football mondial, s’est adressé à Philippe Diallo avec un naturel désarmant. « Vous avez là un super coach. Vous vous en rendrez compte plus tard. Enfin, je n’espère pas, mais bon, vous avez le top », a-t-il dit en souriant. Une phrase qui, à elle seule, résume l’image de Deschamps vue depuis l’extérieur : celle d’un entraîneur solide, méthodique et capable de maintenir son équipe à un niveau d’exigence rare. Zinedine Zidane n’a qu’à bien se tenir.
Dans un milieu souvent marqué par la rivalité et les petites phrases calculées, cette déclaration sincère tranche nettement. Regragui ne découvre pas Deschamps : il l’observe depuis longtemps. Lui-même a su, au Qatar, démontrer sa capacité à transcender un groupe, à créer une dynamique collective qui dépasse les individualités. En ce sens, il comprend mieux que beaucoup ce qui se cache derrière la longévité du sélectionneur français. Pour lui, reconnaître la qualité d’un collègue, même s’il officie dans une grande nation concurrente, n’est pas un aveu de faiblesse mais un geste de respect.
Deschamps, fidèle à sa personnalité, a réagi avec humour. « Je vous jure que je ne l’ai pas payé », a-t-il plaisanté. Une manière de rappeler qu’il ne se prend jamais trop au sérieux, malgré les responsabilités qui pèsent sur ses épaules. Loin d’en profiter pour s’autocongratuler, il préfère tourner la scène en dérision, comme si les compliments glissaient sur lui avec la même facilité que les critiques.
Cet échange met en lumière un phénomène bien connu dans le sport de haut niveau : parfois, ceux qui sont les plus proches de la réalité du terrain sont aussi les mieux placés pour reconnaître la valeur d’un travail. En France, où les attentes envers les Bleus sont immenses, on oublie parfois que la régularité est sans doute la qualité la plus difficile à préserver. Deschamps, lui, a installé l’équipe de France parmi les meilleures nations du monde, année après année, sans fracas, sans excès, avec une méthode souvent sous-estimée mais redoutablement efficace.
Les propos de Regragui rappellent également qu’un entraîneur peut être davantage reconnu à l’étranger que dans son propre pays. Ce paradoxe n’est pas nouveau, mais chaque fois qu’il se manifeste, il interroge : faut-il attendre qu’un cycle se termine pour mesurer réellement la valeur d’un coach ? Le sélectionneur marocain semble penser que oui, et son avertissement, formulé avec humour, vise peut-être à faire prendre conscience de ce risque.
Dans un football qui va vite, où tout se juge dans l’instant, cette parenthèse de sincérité apporte un éclairage différent, plus humain, plus authentique. Deux entraîneurs, deux parcours différents, mais une même compréhension des exigences de leur métier. Et au milieu, une reconnaissance qui dépasse les frontières sportives.



































