Algérie Foot– Le football professionnel algérien, en pleine mutation ces dernières années, fait face à une explosion de la masse salariale des clubs de Ligue 1 pour la saison 2024/2025. Selon un document anonymisé divulgué par la Fédération algérienne de football (FAF), la somme totale des salaires versés par les clubs s’élève à environ 9 milliards de dinars algériens, soit 64 millions d’euros par an.
Ce montant place la Ligue 1 algérienne au niveau de certains clubs européens prestigieux. Par exemple, cette somme équivaut à la masse salariale du RC Lens, qui a disputé la Ligue des champions l’année dernière. Ce chiffre est également supérieur aux dépenses salariales de nombreux clubs professionnels français, qui bénéficient pourtant de revenus conséquents issus des droits télévisés.
Parmi les clubs les plus dépensiers dans le football algérien figurent sans surprise le CR Belouizdad (CRB), l’USM Alger (USMA) et le MC Alger (MCA), chacun déboursant plus d’un milliard de dinars annuellement (soit environ 7 millions d’euros). D’autres formations, récemment acquises par des entreprises publiques, comme le MC Oran (MCO) et la JS Kabylie (JSK), suivent cette tendance, rejoignant le CS Constantine (CSC), également engagé dans des compétitions africaines.
Une dépendance inquiétante à l’argent public
Cette inflation des salaires repose quasi exclusivement sur des financements publics. En effet, plus de 90 % des dépenses salariales des clubs proviennent des budgets d’entreprises nationales comme Sonatrach (MCA), Serport (USMA), Madar (CRB), Mobilis (JSK), ou encore Hyproc (MCO). Mis à part le MC Alger, qui bénéficie du soutien d’un sponsor privé chinois, la quasi-totalité des clubs s’appuie sur cette manne publique.
Dans ce contexte, certains clubs comme le NC Magra ou le Paradou AC, aux budgets plus modestes, adoptent une gestion plus rationnelle, avec des masses salariales tournant autour d’un million d’euros annuellement. Ces clubs misent davantage sur la formation de jeunes talents, à l’instar du Paradou AC.
Des salaires démesurés
Les stars du championnat, telles qu’Andy Delort, Islam Slimani ou encore Riad Boudebouz, perçoivent des salaires pouvant dépasser les 20 000 à 30 000 euros par mois. De nombreux clubs comptent également dans leurs rangs plusieurs joueurs rémunérés à des niveaux élevés pour le marché algérien.
Cependant, ces dépenses soulèvent des interrogations, notamment concernant des clubs comme le MC Oran, qui investissent des sommes conséquentes dans des joueurs étrangers aux performances souvent décevantes, à l’image de Yanis Hamache.
Face à cette situation, l’État envisage de mettre en place des mesures de régulation, telles qu’un plafonnement des salaires (« salary cap »), afin de contenir l’escalade des dépenses. Cette initiative s’impose d’autant plus que les clubs algériens dépendent largement de financements publics, rendant la durabilité de ce modèle économique incertaine à long terme.
Si certains clubs justifient leurs dépenses par leur participation à des compétitions internationales, d’autres devront revoir leur politique sportive pour éviter des dérives financières, désormais sous le regard attentif des autorités.
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