Algérie Foot– Kheireddine Zetchi, ancien président de la Fédération algérienne de football (FAF), se trouve en mandat de dépôt depuis mercredi dernier, suite à une enquête judiciaire qui pourrait entraîner des conséquences graves pour sa carrière. Bien qu’il ait déjà été auditionné à deux reprises, en juillet et en octobre, les résultats de l’enquête indiquent que l’ancien dirigeant du Paradou AC pourrait ne pas être acquitté, notamment en raison des anomalies financières concernant son mandat à la tête de la FAF.
Au centre de cette affaire se trouve le contrat controversé signé avec l’équipementier Adidas. Mais il y a d’autres griefs qui compliquent davantage la situation de Zetchi. En effet, l’argent semble être au cœur des accusations, avec des irrégularités notables dans la gestion des fonds publics.
Le contrat avec Alcaraz et les dédommagements financiers
L’une des premières décisions de Zetchi lorsqu’il a pris les rênes de la FAF a été de nommer Lucas Alcaraz comme entraîneur national, un choix qui se révèle aujourd’hui problématique sur plusieurs plans. Le contrat de l’Espagnol était extrêmement favorable pour lui, avec un salaire mensuel de 60 000 euros (une somme considérable à l’époque), en plus de primes et de clauses avantageuses. Parmi celles-ci, un montant de 180 000 euros, correspondant à trois mois de salaire, que la FAF a dû verser à Alcaraz lorsqu’il a été évincé de son poste.
Mais l’affaire prend une tournure encore plus délicate en raison de la manière dont Zetchi a procédé pour conclure ce contrat. Selon les informations de nos confrères de La Gazette du Fennec, l’ex-président de la FAF aurait négocié cet accord unilatéralement, via un agent marocain qui aurait touché une commission de 30 000 euros pour avoir facilité l’arrivée de l’entraîneur. De plus, un autre intermédiaire a perçu 10 000 euros pour organiser un match amical entre l’Algérie et la Guinée, un match dont les frais de séjour pour l’équipe guinéenne ont également été pris en charge par la FAF, malgré le statut relativement modeste de la sélection guinéenne à l’époque.
Ces erreurs de gestion ont laissé une empreinte durable sur les finances de la Fédération et ont alimenté les accusations de mauvaise gestion contre Zetchi. Bien que certains aient évoqué la possibilité que Zetchi ait utilisé ses propres fonds pour indemniser Alcaraz, le préjudice financier reste considérable, en particulier dans le contexte d’un football national qui dépend largement des fonds publics.
Le fiasco à la CAF et l’échec diplomatique
Mais les problèmes de Zetchi ne se limitent pas à des questions financières. Sur le plan politique et diplomatique, son mandat a été marqué par un échec notable à la Confédération africaine de football (CAF) en mars 2018. Lors de l’Assemblée générale de la CAF, Zetchi a pris la décision de se retirer des élections du Comité exécutif (ComEx), invoquant un manque de temps pour faire campagne. Cependant, derrière cette décision se cache une dimension diplomatique importante.
À cette époque, le Maroc avait lancé une manœuvre pour empêcher l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) comme membre de la CAF. Bien que Zetchi ait affirmé que l’Algérie s’était abstenue de voter sur cette question, son manque d’action active contre cette admission a été perçu comme une forme d’inaction politique. Certains ont même insinué que Zetchi avait levé la main pour l’abstention sans prêter une réelle attention à l’ordre du jour de l’Assemblée générale, ce qui a provoqué la colère de nombreux observateurs et de responsables algériens.
Zetchi, de son côté, a insisté sur le fait que sa position était en parfaite adéquation avec celle de l’Algérie sur la question du Sahara occidental. Il a réaffirmé son engagement en faveur de la cause palestinienne et de la souveraineté du Sahara occidental, mais cet échec à empêcher l’admission de la RASD a jeté une ombre sur sa gestion de ce dossier géopolitico-sportif crucial.
Un avenir incertain
Alors que Zetchi attend son jugement final, la situation semble de plus en plus complexe. Si les accusations liées aux contrats financiers et aux mauvaises décisions managériales sont sérieuses, son échec diplomatique à la CAF pourrait également ternir son image au sein du milieu footballistique. Les dirigeants du sport algérien, tout comme les supporters, s’interrogent désormais sur les conséquences de ces erreurs sur l’avenir de l’ex-président de la FAF.
Dans ce contexte, la justice devra trancher, et Kheireddine Zetchi pourrait faire face à des répercussions importantes pour sa carrière, en raison de ses décisions controversées à la tête du football algérien. Mais en attendant, les questions financières et diplomatiques restent au centre de cette affaire, qui continue de susciter un vif intérêt dans le milieu du sport en Algérie.
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