Algérie Foot– Les déclarations de Djamel Benlamri ont récemment mis le feu aux poudres au sein du football algérien. Le défenseur, âgé de 34 ans et ayant joué 32 matchs sous le maillot des Fennecs, a profité d’un live sur TikTok pour pointer du doigt les joueurs binationaux, souvent accusés d’un manque d’implication. Selon Benlamri, les binationaux – nés et formés à l’étranger – seraient en partie responsables des récents échecs de la sélection nationale, notamment l’élimination en barrages pour la Coupe du monde 2022 contre le Cameroun.
Lors de sa déclaration, le champion d’Afrique 2019 n’a pas hésité à critiquer ces joueurs en affirmant : « C’est ce qui arrive quand on fait appel à des joueurs qui ne connaissent pas l’hymne national. Ils jouent et repartent, savent qu’ils seront rappelés même s’ils jouent mal. Le local, on lui donne vingt minutes : soit il joue bien tout de suite, soit il ne reverra jamais la sélection. » Ces propos ont suscité un tollé général et ont été perçus comme un manque de respect pour les nombreux internationaux d’origine algérienne qui évoluent dans les meilleurs championnats européens.
Des anciens internationaux réagissent vivement
Les déclarations de Benlamri ont immédiatement attiré les réactions d’anciens internationaux, dont plusieurs binationaux. Nordine Kourichi, lui-même né en France et international algérien dans les années 1980, a réagi avec indignation. « Depuis quand connaître l’hymne national fait-il gagner des matchs ? » a-t-il lancé. Pour Kourichi, les joueurs binationaux sont aussi impliqués que leurs homologues locaux, et s’ils ont grandi en France, ils restent attachés à l’Algérie, le pays de leurs parents. Ancien adjoint du sélectionneur Vahid Halilhodzic, Kourichi a rappelé que, de son expérience, les binationaux montraient un comportement exemplaire et une implication sans faille au sein de l’équipe nationale.
Le rôle des binationaux dans les succès de l’Algérie
Nasser Sandjak, qui a dirigé l’équipe nationale en 2000, s’est lui aussi montré particulièrement critique à l’égard des propos de Benlamri. « Sans les binationaux, l’Algérie aurait une sélection plus que moyenne, a-t-il affirmé. Elle n’aurait sans doute pas remporté la CAN 2019 et ne se qualifierait pas souvent pour cette compétition ou la Coupe du monde. » Sandjak a tenu à rappeler que la majorité des joueurs binationaux évoluent dans les meilleurs clubs européens, et que sans leur apport, les performances des Fennecs seraient nettement plus faibles. Il estime que Benlamri sous-estime largement la contribution sportive de ces joueurs qui, de Riyad Mahrez à Ismaël Bennacer, ont permis à l’Algérie de briller.
Un problème de formation en Algérie
Pour expliquer la dépendance de l’Algérie vis-à-vis des joueurs nés à l’étranger, Sandjak et Kourichi soulignent la faiblesse de la formation locale. « Depuis quarante ans, seules l’ES Sétif et la JS Kabylie ont rapporté à l’Algérie une Ligue des champions. De plus, la plupart des binationaux sont nés en France, où la formation est l’une des meilleures du monde, » ajoute Sandjak. Selon lui, l’Algérie continue de se souvenir de la génération dorée de 1982, qui avait battu la RFA et comptait des talents formés localement comme Rabah Madjer et Lakhdar Belloumi. Mais depuis cette époque, le système de formation nationale a été largement négligé par les clubs et la fédération.
Nordine Kourichi a conclu en soulignant l’importance pour la fédération de se concentrer sur la formation locale : « Plutôt que de s’en prendre aux binationaux, Djamel Benlamri devrait plutôt demander à la fédération algérienne et aux clubs pourquoi, dans un pays avec un si fort potentiel, on délaisse autant les jeunes et la formation. » Avec des clubs peu disposés à investir dans les jeunes talents, l’Algérie devra probablement continuer de s’appuyer sur les binationaux pour rester compétitive dans les grandes compétitions internationales.
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