La réaction n’a pas tardé et elle a fait l’effet d’une déflagration dans le paysage médiatique africain. Mohamed Aboutrika, ancienne légende du football égyptien et africain, est sorti de son silence pour critiquer frontalement la Confédération africaine de football (CAF) après l’annonce d’un changement majeur concernant l’avenir de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Une prise de position forte, directe, et surtout sans filtre.
Dans un message largement relayé sur les réseaux sociaux et par plusieurs médias du continent, Aboutrika n’a pas mâché ses mots : « La CAF est au service de l’UEFA. Cela arrive quand tu ne connais pas ta valeur ni ta vraie place ». Une déclaration cinglante, qui traduit un profond malaise face à ce qu’il considère comme un alignement excessif du football africain sur les exigences européennes.
Cette sortie intervient dans un contexte bien précis. À la veille de la CAN 2025, la CAF a officialisé une réforme majeure de sa compétition phare. À partir de 2028, la Coupe d’Afrique des Nations ne se disputera plus tous les deux ans, mais tous les quatre ans. Une phase de transition est prévue, avant une prochaine édition programmée en 2032. En parallèle, l’instance africaine a également annoncé la création d’une compétition continentale inspirée de la Ligue des Nations européenne à l’horizon 2029.
Pour Aboutrika, ces décisions ne sont pas anodines. Elles répondent, selon lui, à des pressions exercées depuis plusieurs années par les clubs et ligues européens, qui dénoncent régulièrement l’impact de la CAN sur leur calendrier. Qu’elle se joue en hiver ou en été, la compétition africaine est souvent perçue comme un frein par les championnats européens, en raison de l’absence prolongée de nombreux joueurs africains évoluant à l’étranger.
L’ancien numéro 22 d’Al Ahly estime que la CAF aurait dû défendre davantage les intérêts du continent, au lieu de chercher à s’adapter aux contraintes extérieures. À ses yeux, la CAN fait partie de l’identité du football africain, avec son rythme, sa ferveur et son importance culturelle. La réduire en fréquence reviendrait à affaiblir son poids symbolique et sportif.
De son côté, le président de la CAF, Patrice Motsepe, a tenté de justifier cette réforme en mettant en avant le bien-être des joueurs africains évoluant en Europe, souvent tiraillés entre leurs obligations en club et en sélection. Selon lui, espacer les éditions permettra d’améliorer la qualité du tournoi, de mieux préparer les équipes et de valoriser davantage l’événement sur le plan commercial et médiatique.
Mais pour de nombreux observateurs, la sortie d’Aboutrika met en lumière un débat plus profond : celui de l’autonomie du football africain face aux puissances européennes. Entre modernisation, exigences économiques et préservation de l’identité continentale, la CAF avance sur une ligne de crête. Et la polémique lancée par Aboutrika prouve que ces décisions, loin de faire l’unanimité, continueront d’alimenter les discussions bien au-delà de la CAN 2025.



































