La composition de l’effectif retenu par Vladimir Petkovic pour la prochaine CAN n’est pas anodine. Le sélectionneur national a appelé dix défenseurs, dont cinq puristes du poste central – Bensebaïni, Mandi, Tougaï, Belaïd et Chergui – et cinq latéraux capables d’évoluer sur les côtés. Cette répartition, plus qu’un simple choix de précaution, laisse entrevoir une logique tactique précise : l’idée d’installer le 3-5-2 dès le début du tournoi.
À première vue, la liste peut paraître surprenante. Le couloir droit semble saturé, avec Atal et Belghali, auxquels s’ajoutent potentiellement Chergui, Mandi, Hadjam ou même Belghali, déjà utilisé dans ce rôle par le passé. À gauche, le duo Hadjam–Aït-Nouri semble naturel, renforcé par Dorval, un latéral gauche de formation capable aussi d’évoluer à droite. Cette polyvalence gomme le déséquilibre apparent et offre à Petkovic une marge de manœuvre précieuse. L’élément clé est ailleurs : jamais autant de défenseurs centraux n’avaient été convoqués, ni autant de latéraux capables de jouer très haut. Tous ces profils partagent une même caractéristique : projection offensive, volume de jeu et capacité à se transformer en véritables pistons, contribuant constamment à l’attaque.
Le milieu de terrain conforte également cette lecture. Avec seulement sept éléments – Bennacer, Zerrouki, Zorgane, Boudaoui, Chaïbi, Aouar et Maza – le nombre est limité. Dans un système à quatre défenseurs classique, ce chiffre paraît juste. Mais dans un 3-5-2, il prend tout son sens. Le schéma repose moins sur le nombre que sur l’activité et la complémentarité : un récupérateur, un créatif et un joueur polyvalent capable de presser, de se projeter et d’alimenter les attaquants, à l’image de Maza. Cette configuration correspond parfaitement aux profils convoqués.
Petkovic, grand adepte du 3-5-2 – qu’il a déjà utilisé avec succès à la tête de la Suisse – n’avait pourtant pas osé l’installer immédiatement à son arrivée chez les Verts. Progressivement, il a testé différentes solutions, allant jusqu’au 3-4-3 par séquences avant de revenir à une défense à quatre. Le déclic est survenu en novembre dernier face au Zimbabwe, en Arabie saoudite : le 3-5-2 a non seulement fonctionné, mais il a aussi révélé Belaïd, excellent dans un rôle central.
Face à des adversaires exigeants comme le Soudan, le Burkina Faso ou la Guinée équatoriale, la prudence est de mise. Les échecs récents au Cameroun et en Côte d’Ivoire ont démontré que le football africain progresse et que chaque rencontre doit être abordée avec rigueur. Avec cinq défenseurs centraux, Petkovic peut sécuriser sa défense tout en exploitant pleinement les pistons. Si le milieu reste actif et homogène, le 3-5-2 pourrait devenir un atout décisif pour les Verts, à condition que la cohésion du groupe soit rapidement trouvée malgré un temps de préparation réduit.

































