Algérie Foot– Mahieddine Khalef, né en 1944, est l’une des figures les plus respectées du football algérien, non seulement pour ses exploits sur le terrain mais aussi pour son héritage familial marqué par l’engagement patriotique.
Fils d’une famille originaire de Beni Yenni, en Kabylie, Khalef a grandi dans un environnement profondément influencé par les valeurs de la révolution algérienne. Son père et son oncle, commerçants et voyageurs à Kénitra, au Maroc, ont joué un rôle clé dans la résistance à l’occupation coloniale, avant même la naissance de Mahieddine. Cette tradition d’engagement se retrouve dans le parcours de son cousin, Abdallah Khalef, un moudjahid et figure emblématique de la lutte pour l’indépendance, ainsi que de son frère aîné, Abdelkader Khalef, qui deviendra plus tard le président historique et le bâtisseur de la JS Kabylie, le club où Mahieddine allait marquer son nom à tout jamais.
Une famille profondément ancrée dans les valeurs révolutionnaires
L’histoire de la famille Khalef est intimement liée à celle de l’Algérie coloniale. Les membres de cette famille, même à distance, ont toujours été présents dans les luttes pour la liberté. Abdelkader Khalef, frère aîné de Mahieddine, a contribué à la structuration du sport algérien après l’indépendance, et il est devenu une des figures de proue du football algérien. Il fut également un des pères fondateurs de la JS Kabylie, un club qui a marqué le football algérien par sa réussite et son engagement.
Cette tradition révolutionnaire a influencé le caractère de Mahieddine, qui a grandi en étant constamment rappelé aux sacrifices et à la lutte pour l’indépendance. L’idée de servir son pays, de défendre ses valeurs, et de transmettre l’héritage national ont toujours été des moteurs dans sa vie, tant dans sa carrière sportive que dans ses engagements en dehors des terrains.
Un parcours de footballeur hors pair
Dès ses débuts, Mahieddine Khalef s’illustre par sa polyvalence. Il ne se contente pas de briller en tant que milieu de terrain à la JS Kabylie, mais excelle également dans d’autres disciplines comme le handball, qu’il pratique le matin avec le club de Kénitra au Maroc. Son talent sur le terrain ne se limite pas à sa capacité technique, mais aussi à sa vision du jeu, sa discipline, et son esprit d’équipe, des qualités qui ont marqué son parcours tout au long de sa carrière.
En 1969, après avoir fait ses preuves, Khalef participe activement à la montée en première division de la JS Kabylie, un événement marquant dans l’histoire du club. Cependant, des tensions internes le poussent à rejoindre le NA Hussein Dey, où il joue une saison avant de revenir à la JSK, le club qui allait devenir sa maison pour toute sa carrière. Ce retour à la maison marque le début d’une relation indéfectible avec la JS Kabylie, un club qui est à la fois son terrain d’expressions sportives et son école de valeurs.
Un entraîneur d’exception : L’ascension de la JS Kabylie
Après avoir raccroché les crampons, Khalef choisit la voie de l’entraînement. C’est à la demande de son frère Abdelkader, alors président de la JS Kabylie, que Mahieddine décide de prendre les rênes de l’équipe après l’éviction du précédent entraîneur, Abdel Rahman Boubker, en raison de mauvais résultats. Ce fut un défi difficile à relever, mais Khalef, avec son caractère rigoureux et son sens tactique, réussit à sauver l’équipe de la relégation. Mais ce n’était que le début.
En 1976, il devient officiellement l’entraîneur principal de la JS Kabylie, et dès la première saison sous sa direction, le club remporte un doublé historique : la Coupe d’Algérie et le championnat de première division. Cet exploit marque le début d’une ère de domination pour la JSK, un club qui allait récolter de nombreux titres sous sa direction. En tout, Mahieddine Khalef mène la JS Kabylie à huit titres de champion d’Algérie, deux Coupes d’Algérie, une Coupe d’Afrique des clubs champions en 1981, et une Supercoupe d’Afrique en 1982.
Ses collaborations avec des entraîneurs étrangers, comme le Polonais Stefan Żywotko, permettent à Khalef de forger une équipe redoutable, disciplinée et techniquement solide. Cependant, son style de gestion n’a pas été sans controverse. Khalef était connu pour sa rigueur et sa fermeté. Il n’hésitait pas à écarter des joueurs vedettes en raison de manquements disciplinaires. L’un des exemples les plus marquants reste la mise à l’écart du gardien de but Mehdi Cerbah avant la finale de la Coupe d’Algérie en 1977, ce qui démontra son intransigeance.
Un dénicheur de talents
Au-delà de ses succès tactiques, Mahieddine Khalef s’est distingué par sa capacité à repérer de jeunes talents et à les intégrer au plus haut niveau. De nombreux joueurs, aujourd’hui considérés comme des légendes du football algérien, ont vu le jour sous sa direction. Il a ainsi découvert des joueurs comme Tarek Hadj Adlane, Moussa Saïb, et Ali Rahmouni, qui sont devenus des piliers de la sélection nationale. Grâce à sa vision et à son flair, Khalef a su transformer des inconnus en stars.
Les dernières années : L’isolement et la reconnaissance tardive
Malgré ses nombreuses victoires et son impact sur le football algérien, la fin de la vie de Khalef a été marquée par la maladie et l’isolement. Atteint de la maladie d’Alzheimer, il a connu des années difficiles, vivant seul dans un modeste appartement à Alger, après avoir vendu sa villa. La JS Kabylie, reconnaissante de son héritage, a tenté de lui rendre hommage dans ses dernières années, mais son état de santé l’a empêché de recevoir ces hommages comme il le méritait.
Mahieddine Khalef restera dans les mémoires non seulement comme l’un des plus grands entraîneurs du football algérien, mais aussi comme un homme profondément enraciné dans les valeurs de son pays. Issu d’une famille révolutionnaire, il a su allier l’amour du football à un engagement national qui a marqué toute une génération.
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