Algérie Foot – Plus de dix ans après le légendaire huitième de finale de Coupe du Monde entre l’Algérie et l’Allemagne au Brésil, Vahid Halilhodzic, le sélectionneur des Fennecs à l’époque, est revenu sur cet épisode inoubliable dans une interview accordée à la FIFA.
« Je me souviens de l’euphorie à cette époque. Tu te trouves à jouer la première fois un huitième de finale de la Coupe du Monde. Le pays n’a vécu à ce moment-là que pour l’équipe, la population a tout mis de côté, 40 millions de personnes ont regardé ce match. Je me souviens bien de notre préparation. La veille de match, j’arrive dans la salle, j’ai préparé le tableau, ma tactique, tout est bien arrêté. Les joueurs arrivent mais j’ai l’impression qu’on va au cimetière. Personne ne parle. Ils ont tous la tête baissée et personne ne me regarde. Alors j’explique tactiquement, techniquement, psychologiquement ce qu’il faut faire. Chaque joueur avait un rôle très précis, on était préparés jusqu’aux moindres détails. Ils ont commencé à me regarder et à prendre vie. Il fallait se préparer surtout psychologiquement parce qu’il faut le courage, l’audace de se dire : “Je veux gagner contre l’Allemagne”. », a-t-il confié
Halilhodzic se remémore avec émotion cette rencontre héroïque où l’Algérie a fait trembler le futur champion du monde. « On a fait le match qu’il fallait. Tout le monde pensait qu’on allait prendre 5, 6 ou 7 buts, mais on a fait un match presque d’exception. Malheureusement, on n’a pas pu gagner ce match. Je me souviens qu’après la défaite, on a été ovationnés par le public de Porto Alegre. Tout le monde scandait “Algérie, Algérie”, tout le monde parlait de l’Algérie. On est devenus les chouchous. Le lendemain, je suis parti dans un centre commercial, pour acheter quelques souvenirs pour ramener à la maison, et les gens qui étaient là m’ont reconnu. Des milliers de personnes m’ont porté dans ce centre commercial, des Brésiliens. Vous voyez ce que ça veut dire le football, surtout dans un pays de football comme le Brésil. Quand tu joues bien, même si tu es étranger, tu deviens quelqu’un. Je me souviens, ils m’ont porté pendant 10-15 minutes. J’ai failli étouffer. Tout le monde voulait me sauter dessus. (rires) »
Un témoignage empreint d’émotion et de nostalgie, où Halilhodzic évoque également la passion du peuple algérien. « Quand tu arrives en Algérie, en Afrique en général, il y a des millions de personnes qui t’attendent, qui scandent ton nom. Des millions. C’était quelque chose d’extraordinaire. Quand tu vois les gamins, les femmes, les hommes, tous ravis, c’est vraiment un plaisir. J’aime bien faire plaisir, à ma famille, à mes amis, aux supporters. C’est vraiment beau de voir les gens contents quand leur équipe gagne. Quand on est entraîneur, c’est une fierté énorme. »
Pour lui, cette Coupe du Monde restera à jamais gravée dans sa mémoire : « On a vécu avec l’Algérie quelque chose [de grandiose]. Bizarrement, c’est une défaite qui a fait la gloire de l’équipe nationale. Parce qu’on a joué contre la meilleure équipe à cette époque, on a fait un super match. On aurait dû gagner, on aurait dû faire une plus grande sensation footballistique en Coupe du Monde. On est passés à côté, mais cette équipe a vraiment fait une Coupe du Monde fantastique. »
Une page d’histoire du football algérien racontée avec émotion par celui qui a façonné l’une des plus belles générations des Verts.
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