À la veille d’un déplacement délicat à Bagdad, le discours tenu par Matthias Jaissle révèle en filigrane une réalité plus inconfortable pour Al-Ahli Saudi : l’absence de Riyad Mahrez, retenu avec l’Algérie pour la CAN au Maroc, complique sérieusement la gestion sportive du club saoudien. Sans jamais le dire frontalement, le technicien allemand a dû composer avec un calendrier implacable, où les ambitions continentales d’Al-Ahli se heurtent aux impératifs internationaux de son joueur le plus influent. Capitaine des Verts et leader naturel du vestiaire, Mahrez laisse un vide aussi bien technique que symbolique, à un moment clé de la phase de groupes de la Ligue des champions asiatique d’élite. Jaissle tente d’enrober cette contrainte d’un discours positif, évoquant un défi collectif plutôt qu’un handicap, mais la réalité est là : l’Algérie, en mobilisant son capitaine pour la CAN, prive Al-Ahli de son principal facteur X dans une rencontre à haut risque.
Sur le plan sportif, cette absence pèse d’autant plus que le contexte du match face à Al-Shorta SC est loin d’être anodin. Al-Ahli avance avec un bilan comptable globalement satisfaisant et une place dans le haut du classement, mais sait que le moindre faux pas pourrait rebattre les cartes dans un groupe encore serré. En face, Al-Shorta joue presque sa survie continentale, libéré de toute pression et porté par un environnement hostile pour l’adversaire. Dans ce type de configuration, l’expérience et la créativité de Mahrez auraient constitué un atout majeur pour calmer le jeu, gérer les temps faibles et faire la différence dans les moments clés. Jaissle le sait, et c’est précisément pour cela qu’il insiste sur l’investissement des joueurs habituellement dans l’ombre, appelés à combler l’absence du capitaine algérien. Mais remplacer Mahrez ne se résume pas à un simple ajustement tactique : c’est toute l’animation offensive et la gestion émotionnelle du match qui doivent être repensées.
Au-delà de cette rencontre, la situation illustre une tension récurrente entre clubs et sélections, particulièrement lorsque les compétitions se chevauchent. En choisissant de répondre à l’appel de l’Algérie pour disputer la CAN, Mahrez assume pleinement son rôle de leader national, mais son absence met Al-Ahli face à ses limites structurelles. Jaissle, fidèle à sa ligne de conduite, refuse d’y voir une excuse et parle de maturité collective, rappelant que les grandes équipes se construisent aussi dans l’adversité. Pourtant, ce déplacement à Bagdad apparaît comme un test grandeur nature : sans Mahrez, Al-Ahli doit prouver que son projet ne repose pas uniquement sur une star, mais sur une identité capable de résister aux aléas du calendrier international. Un défi imposé, indirectement, par l’Algérie, et qui pourrait peser lourd dans la trajectoire continentale du club saoudien.


































