Vous venez d’établir le record de passes décisives à la trêve en Ligue 2 (11). Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Zinedine Ferhat : Les passes décisives, pour moi, c’est une qualité. Dès ma première conférence de presse, j’avais annoncé que j’étais un passeur et pas un buteur. C’est bien pour moi d’avoir réussi 11 passes décisives. Maintenant, j’ai pour objectif de terminer entre 15 et 20 passes décisives.
La saison dernière, vous n’en comptiez que 2 à la trêve pour 8 à la fin de la saison. C’est révélateur de votre évolution…
La première saison était compliquée pour moi. Je changeais de pays, je ne connaissais pas la Ligue 2. Physiquement, je n’étais pas prêt non plus. C’était une saison d’adaptation et aujourd’hui ça va mieux. Je me sens bien au sein du groupe, dans la ville, avec les supporters. Quand je parle avec les gens ici, on dirait que ça fait cinq ans que je suis au club. Tout se passe bien et j’espère que ça va continuer comme ça.
On a le sentiment que vous êtes en train de gagner en maturité…
C’est vrai. Au début, je faisais des efforts pour rien. Je faisais des courses alors qu’il fallait juste trottiner, je courais comme un fou pendant 45 minutes et en deuxième mi-temps, je n’existais plus. Maintenant, je sais quand je dois accélérer, dribbler. Je suis aussi très proche de l’entraîneur (Oswald Tanchot, ndlr) et il me donne une certaine liberté sur le terrain qui m’aide beaucoup.
Vous dîtes que vous n’êtes pas un buteur alors que vous êtes à 4 buts cette saison. On peut penser que vous pouvez faire mieux du coup…
Je pense que je peux faire mieux, oui, parce que j’ai raté beaucoup d’occasions lors de la phase aller. Même si je suis à 4 buts, avec la Coupe de la Ligue, j’aurais pu en mettre plus, mais j’ai bien travaillé devant le but pendant la trêve et j’espère améliorer ça. Dès mardi, pourquoi pas.
Avez-vous l’impression que les défense adverses vous craignent un peu plus cette saison ?
Les gens regardent les matches et se disent peut-être qu’il ne faut pas me laisser centrer. Je le sens un peu. À chaque fois que j’ai le ballon, il y a au moins deux joueurs sur moi. Ils me mettent la pression.
Cela doit sûrement vous obliger à faire évoluer votre jeu…
Bien sûr. Je me dois de trouver des solutions, de jouer plus en une touche pour éviter le contact et éliminer mes adversaires. En soit, le premier défenseur c’est possible de le passer avec un contrôle orienté ou un crochet, mais le deuxième défenseur, s’il arrive derrière, c’est pour prendre le ballon et aussi le joueur (rires).
“L’Algérie, c’est tout pour moi, c’est mon amour”
Vous avez pris 3 cartons jaunes sur vos 5 derniers matches alors que vous n’en aviez pris que 2 avant cela. Comment l’expliquez-vous ?
Parfois, il y a des matches décisifs et quand il y a des matches sous tension, je ne peux pas contrôler. C’est comme ça, je suis dans l’excès. Pour moi, c’est une force, mais il faut que j’arrive à contrôler ça pour que ça devienne une vraie qualité. L’année dernière, je parlais trop avec les arbitres ou les joueurs adverses, mais cette saison ça va. Le coach ne m’a pas encore trop repris là-dessus.
Vos avez été récompensé de vos belles performances par un retour en sélection il y a quelques mois. C’était une bouffée d’air…
J’avais des problèmes avec la sélection et ce retour m’a fait
très plaisir, forcément. Je dois de me donner à fond pour avoir du
temps de jeu en sélection, être tout le temps dans le groupe. Je
travaille pour et à chaque fois qu’on me pose la question, je dis
que mon objectif c’est la montée avec le HAC, mais aussi garder ma
place en sélection.
Le fait d’être resté trois ans à l’écart de la sélection vous paraît-il injuste ?
Oui, mais il y avait des problèmes en sélection aussi, avec les changements de sélectionneurs. J’ai vite tourné la page, aujourd’hui je suis performant et il faut travailler encore pour garder ça.
Vous avez récemment évolué dans l’axe avec Carl Medjani, dans un 4-2-3-1. Comment vous êtes-vous senti à ce poste ?
Ce n’est pas le poste auquel on a l’habitude de me voir au HAC, mais si un jour le coach vient et me demande si je peux jouer là, je ne pourrais pas dire non. En revanche, mon poste à moi, c’est excentré. C’est à ce poste là que je veux continuer à progresser.
On parlait d’évolution dans votre jeu tout à l’heure. Encore une fois, il a fallu modifier certaines choses…
Quand tu es excentré, tu peux dribbler, passer, marquer des buts. Mais dans l’axe, tu as juste à récupérer le ballon et à le donner à Mahrez ou Brahimi. J’avais moins de liberté sur le terrain. Parfois, j’étais presque dernier défenseur. Il ne fallait pas que je rate une passe parce qu’il pouvait y avoir but derrière. C’était compliqué, mais je pense que j’ai bien fait mon travail.
“Je ne suis pas le genre de joueur qui part en milieu de saison”
Aujourd’hui, on peut dire que ça vous tient à cœur de vous affirmer en sélection…
Ah oui, c’est mon pays, c’est l’Algérie quoi… C’est tout pour moi, c’est mon amour (rires). Je ne sais pas comment expliquer ça. Jouer en sélection, c’est un rêve pour moi. Il ne faut pas lâcher !
Pour maintenir ce cap en sélection, il faudra rester performant avec le HAC. Quels objectifs vous êtes-vous fixé d’ici la fin de la saison ?
Je vous dis la vérité : finir meilleur passeur, ce serait bien. Mais mon objectif avec le HAC, c’est la montée. Le club le mérite et c’est mon objectif numéro un.
Au Havre, il y a d’ailleurs un autre Franco-algérien qui promet : Rafik Guitane. Que pouvez-vous nous dire sur lui ?
Je ne l’appelle ni Rafik, ni Guitane. Pour moi, c’est “la pépite” et j’espère qu’il va jouer pour l’Algérie. Il est encore jeune, il faut qu’il gagne sa place et qu’il joue parce qu’il a de grandes qualités. Moi, à son âge, je n’ai jamais vu un joueur avec de telles qualités. Il est capable d’éliminer cinq joueurs en un seul crochet.
Comprenez-vous l’impatience de certains supporters, qui aimeraient le voir plus souvent ?
Je le comprends, mais le coach sait ce qu’il fait avec lui. Il ne faut pas oublier que Rafik revient d’une grave blessure. Il a eu les ligaments croisés et je pense qu’il aura un mot à dire sur la phase retour.
Vous attirez tous les deux les convoitises sur le marché des transferts. Y prêtez-vous attention ?
Non, et même s’il y a des offres, j’ai un agent qui s’occupe de ça. Je reste concentré sur le terrain et de toute façon je ne suis pas le genre de joueur qui part en milieu de saison. Je veux bien terminer l’année. Pour ça, je reste concentré sur mon club et en fin de saison, on verra ce qui se passera.
( Interview par le site
Goal.com )
Benjamin Quarez
