L’Algérie a parfaitement lancé sa Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 au Maroc avec un succès net 3–0 face au Soudan, un score qui, sur le papier, laisse penser à une entrée en matière tranquille. Pourtant, derrière l’euphorie du résultat, le terrain a livré une lecture beaucoup plus nuancée. Les Verts ont dominé la possession (58 %) mais n’ont jamais totalement maîtrisé le rythme et les émotions du match. Le bloc soudanais, compact et discipliné, a obligé l’Algérie à contourner constamment par les couloirs, forçant les centres et les longs ballons dans une zone où l’adversaire disposait de l’avantage physique. Dans ce contexte, chaque offensive algérienne a dû être construite au prix d’efforts techniques répétés. La victoire, si large soit-elle, n’a pas masqué les limites structurantes que Vladimir Petkovic devra corriger rapidement.
Le point le plus préoccupant aura été les transitions défensives. À plusieurs reprises, l’Algérie a laissé des boulevards dans son dos, conséquence directe d’un bloc très haut et d’un milieu de terrain pas assez compact. Sur une perte de balle côté gauche, Luca Zidane — titulaire et déjà déterminant — a dû sauver les siens face à Yaser Awad, symbole d’une équipe exposée au moindre déséquilibre. Les montées très hautes de Rayan Aït-Nouri, pourtant précieuses dans la création, ont laissé des espaces que le Soudan a tenté d’exploiter, et que des adversaires mieux calibrés pourraient convertir. La bataille aérienne a également rappelé que l’Algérie reste vulnérable dans les duels. Ironie du sort, c’est justement sur un de ces rares duels gagnés par Baghdad Bounedjah que le troisième but est né, conclu par Ibrahim Maza. Le but du jeune binational — désormais recordman du plus jeune buteur algérien en CAN — a illuminé une performance offensive parfois trop prudente.
L’autre chantier, plus froid et plus clinique, se situe dans la zone de vérité. Bounedjah, mais aussi Adil Boulbina, ont manqué deux occasions nettes qui auraient pu porter le score à une dimension humiliante. Ce manque de tueur froid est un signal que Petkovic ne peut ignorer, surtout avec des rendez-vous qui vont monter en intensité. Ce 3–0 est donc une victoire utile, rassurante dans sa forme comptable, mais exigeante dans ses enseignements : l’Algérie devra hausser le ton, resserrer ses lignes, franchir un cap mental et incarner enfin ce qu’elle aspire à redevenir — une nation qui ne se contente plus de faire le travail mais impose son football. Le banquet final ne se gagne pas avec des intentions, mais avec des certitudes.
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