Equipe d’Algérie – CAN : Il y a des chiffres qui, sans cris ni fracas, racontent mieux qu’un discours l’importance d’un joueur dans une équipe. Ceux de Mohamed Amine Amoura avec l’équipe d’Algérie en sont l’illustration parfaite. Sur ses quinze dernières apparitions en sélection, l’attaquant cumule 13 buts et 7 passes décisives, soit 20 actions décisives en 15 matchs. Une cadence qui ne relève plus du simple état de forme, mais d’un phénomène statistique et sportif. À seulement 24 ans, l’actuel joueur de Union Saint‑Gilloise continue de s’imposer comme l’un des visages les plus influents de l’attaque algérienne, au point d’avoir renversé la hiérarchie offensive presque naturellement.
Ces chiffres prennent une autre dimension lorsqu’on les replace dans le contexte de la Coupe d’Afrique des Nations 2025, où l’Algérie cherche à se reconstruire après deux éditions douloureuses. Dans un collectif encore en quête de certitudes, Amoura incarne la simplicité dans l’efficacité. Il marque, il crée, il pèse — sans dépendre du scénario, de l’adversaire ou du moment du match. Son style fait la différence : explosivité, appels courts, lecture du jeu et surtout lucidité devant le but. Cette régularité tranche avec l’irrégularité du contexte, et expliquerait en grande partie pourquoi Vladimir Petkovic lui confie aujourd’hui un rôle qui dépasse celui de simple dynamiteur : Amoura n’est plus l’arme d’appoint, il est devenu le levier.
Le plus frappant demeure peut-être sa transformation psychologique. Là où d’autres joueurs talentueux ont parfois mis du temps avant d’assumer un statut, Amoura a sauté cette étape. Ses gestes sont décisifs, mais son attitude l’est tout autant. Il joue avec la légèreté de ceux qui n’ont rien à perdre, et la froideur de ceux qui savent qu’ils doivent porter. Cette CAN pourrait devenir sa scène, non pas pour exploser – car il l’a déjà fait – mais pour s’installer définitivement dans la cour des joueurs qui comptent, ceux dont on attend un geste quand plus rien ne semble possible. L’Algérie n’a peut-être pas encore trouvé toutes ses réponses collectives, mais elle a trouvé un fait incontestable : tant qu’Amoura est là, elle ne joue jamais à dix contre onze, elle joue avec un avantage.
































