La Confédération africaine de football traverse une période de fortes turbulences après l’annonce inattendue de la modification du calendrier de la Coupe d’Afrique des Nations. En décidant de faire passer la CAN d’un rythme biennal à un rythme quadriennal, le président de la CAF, Patrice Motsepe, a ouvert un débat profond qui dépasse largement la simple question des dates.
Cette décision, rendue publique à quelques jours seulement du coup d’envoi de la CAN 2025 au Maroc, a pris de court de nombreux acteurs du football africain. Le plus frappant reste le manque de concertation interne, notamment avec la commission des compétitions, pourtant directement concernée par l’organisation et la planification des tournois continentaux. Selon plusieurs sources internes, cette commission n’aurait même pas été consultée avant l’annonce officielle, ce qui a accentué le malaise au sein de l’institution.
Le projet annoncé par la CAF inclut également la suppression du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) et la création d’une Ligue des nations africaine à partir de 2029. Si cette réforme se veut ambitieuse et tournée vers l’avenir, elle soulève de nombreuses interrogations. Le CHAN, en particulier, s’était imposé comme une vitrine importante pour les joueurs évoluant dans les championnats locaux africains. Sa suppression est perçue par beaucoup comme un recul pour le développement du football sur le continent.
Sur le plan sportif et logistique, la situation apparaît encore plus complexe. Organiser deux CAN consécutives en 2027 et 2028 relève presque de l’impossible, surtout dans un calendrier international déjà saturé. La CAN 2027 étant programmée en été, les marges de manœuvre pour organiser les qualifications de l’édition suivante sont extrêmement limitées. À cela s’ajoutent les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028, qui bloquent toute option estivale, tandis qu’un report à 2029 est exclu en raison d’autres compétitions majeures.
Face à cette accumulation de contraintes, la CAF semble avancer sans feuille de route clairement définie. Même la future Ligue des nations africaine, pourtant annoncée comme un projet phare, reste entourée de flou quant à son format, son calendrier et ses objectifs réels.
Ce « séisme en coulisses » révèle surtout une problématique plus large : la gouvernance du football africain et la nécessité d’une planification cohérente, concertée et durable. Les semaines à venir, et notamment la réunion attendue après la CAN 2025, seront décisives. La CAF devra choisir entre maintenir ses réformes coûte que coûte ou revoir sa copie afin de préserver la crédibilité et la stabilité de la compétition la plus emblématique du continent.
































