Maroc – CAN : À 15 h 30 précises, sous un soleil rabati qui transforme le bitume en poêle, la délégation algérienne traverse la chaussée menant au stade Moulay el-Hassan. Dans ses valises, 150 précieux sésames encore tièdes d’imprimerie, derniers carrés d’un puzzle billetterie qui s’est effondré plus vite qu’un château de cartes. Depuis hier soir, des centaines de supporters, drapés au drapeau vert-et-blanc, campent devant l’entrée des vestiaires, smartphones à la main, priant pour que leur nom figure sur la liste que la FAF a transmise à la CAF. « On a vendu la voiture, on a pris l’avion, on ne va pas se faire barrer par un bout de carton », lâche Djamel, venu de Sétif avec ses deux fils. Dans leurs yeux, ce n’est pas un ticket, c’est un laissez-passer pour une histoire qu’on raconte aux petits-enfants.
Le match, lui, trône au milieu du calendrier comme un rendez-vous avec l’obligation de plaisir. Face au Soudan, l’Algérie n’a plus le droit au faux pas après deux éditions sans victoire. Belmadi l’a répété en conférence : « Pas de calcul, pas de crainte, juste la victoire. » Les joueurs le savent ; ils ont vu les vidéos des fans bloqués aux tourniquets, entendu les appels désespérés sur les réseaux. Mahrez, le capitaine, a même délaissé la traditionnelle sieste pour descendre au point de rencontre et distribuer autographes et promesses : « On joue pour vous, ramenez le bruit. » Le vestiaire est déjà une cocotte-minute ; ces 150 voix supplémentaires risquent d’en faire une bombe sonore.
Dans les couloirs de la CAF, on murmure que l’affaire algérienne est un test grandeur nature pour les prochaines phases. Si la FAF parvient à désengorger la pression sans ouvrir la boîte de Pandore du marché noir, le précédent sera cité en exemple. Sinon, c’est la honte assurée. À 16 h tapantes, quand le coup d’envoi partira, les 150 élus seront assis côte à côte, fusils sur l’épaule, prêts à transformer chaque touche en hymne. Derrière eux, des milliers de silhouettes resteront dehors, phones en main, scandant « 1-2-3 Viva l’Algérie » assez fort pour que le son franchisse le mur et gagne le terrain. Billetterie, football, politique : tout se joue dans ces dernières minutes où le papier vaut or et où le cri vaut but.
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