Le succès inaugural du Maroc face aux Comores n’a pas totalement dissipé les premières zones d’ombre apparues lors de cette entame de CAN 2025. À peine la victoire validée que Walid Regragui a dû gérer une situation délicate en coulisses, conséquence directe de la sortie prématurée de son capitaine Romain Saïss, touché musculairement dès les premières minutes. Dans ce contexte incertain, le sélectionneur marocain a décidé d’activer l’une de ses cartouches prévues par le règlement en faisant appel à Youssef Belammari, défenseur du Raja Casablanca, initialement placé sur la liste d’attente. Une décision pragmatique, dictée moins par l’urgence médiatique que par la nécessité de sécuriser un secteur défensif appelé à jouer un rôle central dans la suite de la compétition.
Le choix de Belammari n’est pas anodin. Régulier avec le Raja, rompu aux matches à pression et parfaitement familiarisé avec l’environnement local, le joueur présente le profil idéal pour intégrer rapidement le groupe sans perturber l’équilibre existant. Regragui avait d’ailleurs pris soin, dès l’annonce de sa liste définitive, de préciser que certains éléments resteraient mobilisables à tout moment en cas de pépin physique. L’intégration immédiate de Belammari au centre Mohammed VI traduit cette anticipation et confirme une gestion méthodique de l’effectif. Dans un tournoi aussi dense, où l’enchaînement des matches et l’intensité émotionnelle peuvent fragiliser les organismes, disposer de solutions prêtes à l’emploi devient un avantage stratégique majeur. Le staff marocain, en agissant rapidement, envoie également un message clair au groupe : chaque joueur, titulaire ou non, peut être appelé à jouer un rôle clé.
Reste désormais à connaître la gravité réelle de la blessure de Saïss, dont les examens médicaux sont attendus avec attention. Leader défensif et repère mental des Lions de l’Atlas, son éventuelle indisponibilité prolongée constituerait un coup dur, tant son expérience pèse dans les moments charnières. Toutefois, cette situation met aussi en lumière la profondeur de l’effectif marocain, l’un des arguments majeurs du pays hôte dans cette CAN. En intégrant Belammari sans précipitation ni dramatisation, Regragui confirme une approche fondée sur l’anticipation et la continuité, plutôt que sur la réaction à chaud. À ce stade de la compétition, le Maroc avance avec la sérénité d’un favori conscient de ses forces, mais lucide sur les aléas inévitables d’un tournoi continental. La gestion de ce premier imprévu pourrait bien servir de test grandeur nature pour mesurer la capacité des Lions de l’Atlas à absorber les chocs et à maintenir leur ambition intacte jusqu’au bout.


































