Un nouveau dossier judiciaire vient secouer le paysage sportif et institutionnel algérien. Charafeddine Amara, ancien président de la Fédération algérienne de football (FAF), a été placé ce dimanche 21 décembre 2025 en détention provisoire, dans le cadre d’une lourde affaire à caractère économique et financier.
La décision a été prise par le juge d’instruction de la deuxième chambre du pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed à Alger. Elle fait suite à l’ouverture d’une enquête approfondie portant sur des soupçons de corruption et d’activités financières illégales impliquant la société nationale du tabac et une entreprise émiratie opérant dans le même secteur.
Une affaire aux ramifications économiques complexes
Selon les premiers éléments communiqués, l’enquête s’intéresse à un partenariat jugé suspect entre la société nationale du tabac et une entreprise basée aux Émirats arabes unis, spécialisée dans le tabac et les allumettes. Les autorités soupçonnent des transferts de fonds effectués de manière irrégulière, ainsi que des opérations de blanchiment d’argent à grande échelle.
D’après les informations révélées par la presse nationale, notamment le quotidien Echorouk, Charafeddine Amara ferait face, aux côtés de plusieurs coaccusés, à des chefs d’accusation particulièrement lourds. Parmi eux figurent le blanchiment d’argent, la violation de la législation relative aux changes et aux mouvements de capitaux vers l’étranger, l’enrichissement illicite, ainsi que des faits de conflit d’intérêts.
Le juge d’instruction a également ordonné la mise en détention provisoire du dirigeant de la société émiratie concernée, ainsi que d’autres personnes impliquées dans ce dossier, dans l’attente de l’aboutissement des investigations menées par les services centraux de lutte contre la criminalité organisée.
Soupçons de transferts illégaux et acquisitions immobilières
Les premières investigations font état de pratiques présumées de détournement de fonds et de transferts illicites de capitaux, ayant servi notamment à l’acquisition de biens immobiliers de standing dans certains quartiers huppés de la capitale. Si ces faits venaient à être confirmés, cette affaire pourrait s’imposer comme l’un des plus importants scandales économiques qu’ait connus l’Algérie ces dernières années.
À ce stade de la procédure, la justice n’a pas encore communiqué sur l’ampleur exacte des montants concernés, mais les sources judiciaires évoquent un dossier « lourd et sensible », nécessitant des investigations approfondies.
Un ancien président déjà fragilisé par son passage à la FAF
Pour rappel, Charafeddine Amara avait pris la tête de la Fédération algérienne de football en avril 2021, succédant à Kheireddine Zetchi. Son mandat, relativement court, s’est achevé en avril 2022, dans un climat de forte contestation.
Son départ est intervenu dans le sillage de l’élimination douloureuse de la sélection nationale aux portes de la Coupe du monde 2022, après la défaite face au Cameroun lors du barrage retour à Blida. Ce revers historique avait constitué un tournant majeur, provoquant une vague de critiques et une pression populaire intense qui avaient conduit à sa démission.
Déjà contesté pour son manque d’expérience dans la gestion du football, selon de nombreux observateurs et supporters, Amara avait quitté la FAF sur fond de désillusion sportive et de défiance généralisée.
Une affaire suivie de près par l’opinion publique
L’incarcération provisoire de l’ancien patron du football algérien marque une nouvelle étape dans cette affaire judiciaire, appelée à connaître d’importants développements dans les semaines à venir. Les autorités judiciaires poursuivent actuellement leurs investigations afin d’établir l’ensemble des responsabilités et de déterminer l’étendue exacte des infractions présumées.
En attendant les conclusions de l’enquête et une éventuelle mise en accusation formelle, le principe de la présomption d’innocence demeure applicable. Néanmoins, cette affaire jette une ombre supplémentaire sur le passage de Charafeddine Amara à la tête de la FAF et suscite de nombreuses réactions dans l’opinion publique, tant sur le plan sportif qu’institutionnel.



































