Le football africain s’apprête à entrer dans une nouvelle ère organisationnelle, structurée autour d’un calendrier profondément remanié et pensé sur le long terme. Réuni à Rabat, le comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) a dévoilé une feuille de route qui s’étend jusqu’en 2034, marquant une rupture nette avec les habitudes du passé. La décision la plus symbolique reste sans doute le passage de la Coupe d’Afrique des nations à un rythme quadriennal, un choix assumé visant à repositionner la compétition comme un rendez-vous d’exception plutôt qu’un événement récurrent. Cette réforme s’inscrit dans une logique de lisibilité, de stabilité et de cohérence avec le calendrier international, dans un contexte où la pression des clubs et des compétitions mondiales n’a cessé de s’intensifier.
Dans le détail, la CAN 2027 sera organisée conjointement par la Tanzanie, le Kenya et l’Ouganda, avant une édition exceptionnelle programmée dès 2028, destinée à réaligner la compétition sur les années paires. Le pays hôte de cette CAN 2028 sera officiellement désigné en janvier 2026, ouvrant un nouveau cycle d’attributions et de candidatures. Au-delà de la CAN, la CAF a également validé la création d’une Ligue des Nations africaine, inspirée du modèle européen, dont trois éditions sont prévues en 2029, 2031 et 2033. Cette nouvelle compétition se jouera exclusivement lors des fenêtres internationales de septembre, octobre et novembre, avec l’ambition de dynamiser les matchs de sélections hors tournois majeurs, tout en offrant des confrontations plus compétitives et plus régulières entre nations de niveau comparable.
Cette refonte s’articule aussi avec le calendrier mondial, où la Coupe du monde 2030, coorganisée par l’Espagne, le Portugal et le Maroc, constituera un jalon central, avant une CAN 2032 dont les contours restent à préciser, puis une Coupe du monde 2034 qui viendra clore cette séquence ambitieuse. Si la CAF défend une vision modernisée et alignée sur les standards globaux, ces décisions ne font pas l’unanimité. Certaines voix influentes du continent dénoncent un rééquilibrage jugé trop favorable aux intérêts européens, estimant que l’âme et la spécificité de la CAN pourraient en pâtir. Le défi pour l’instance africaine sera désormais double : démontrer que cette réforme renforce réellement le football africain sur le plan sportif et économique, tout en rassurant une opinion attachée à une compétition qui dépasse largement le cadre du jeu.



































