À la veille de l’entrée en lice des Comores face au pays hôte, le Maroc, le discours venu du banc des Cœlacanthes tranche avec l’image souvent associée aux outsiders. Nommé en octobre 2023, Stefano Cusin assume une ligne claire : refuser le repli systématique, même face à une sélection annoncée favorite. Le technicien italo-canadien, formé dans des contextes variés, refuse l’idée d’un match subi par principe. Pour lui, affronter une grande nation ne signifie pas renoncer à ses principes, mais savoir alterner les temps forts et les temps faibles avec intelligence. Dans un tournoi où la moindre passivité se paie cash, ce choix relève autant du courage que de la lucidité.
Le raisonnement est simple et profondément moderne. Défendre bas pendant quatre-vingt-dix minutes face à une équipe capable d’accélérations permanentes, sur des pelouses rapides et dans des stades pleins, revient souvent à reculer l’inévitable. Cusin l’a compris : les Comores devront accepter de souffrir par séquences, mais aussi s’autoriser à jouer lorsque l’opportunité se présente. Le sélectionneur mise sur un groupe qu’il juge techniquement apte à conserver le ballon, à ressortir proprement et à poser des problèmes, même minimes, à l’adversaire. Ce n’est pas une promesse de domination, mais une volonté de rester acteur. Dans le cadre de la Coupe d’Afrique des nations 2025, cette posture peut faire la différence entre une résistance stérile et une prestation crédible, capable d’installer le doute.
Face au Maroc, l’équilibre sera évidemment fragile. Le pays hôte impose un rythme, une intensité et une maîtrise technique que peu de sélections peuvent égaler sur la durée. Mais la CAN a souvent rappelé que l’excès de respect nourrit les déséquilibres. En refusant de « garer le bus », Cusin protège aussi mentalement son groupe, l’invitant à jouer sans complexe, avec l’idée que l’audace maîtrisée vaut parfois mieux qu’une prudence paralysante. Les Comores n’entrent pas dans ce tournoi pour survivre, mais pour exister. Dans un environnement aussi exigeant que celui du Maroc, cette philosophie pourrait ne pas suffire à faire basculer un résultat, mais elle donne au moins une identité claire. Et dans une compétition où l’identité conditionne souvent la performance, c’est déjà un premier pas décisif.
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