À quelques semaines du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025, prévue du 21 décembre au 18 janvier au Maroc, la récente décision de la FIFA concernant la libération des joueurs africains par leurs clubs suscite de vives réactions. Selon plusieurs sources, l’instance internationale a fixé au 15 décembre la date limite à laquelle les clubs devront mettre leurs internationaux africains à disposition de leur sélection, repoussant ainsi le calendrier initialement prévu du 8 décembre. Cette décision, qui intervient après des pressions de l’Association européenne des clubs (ECA), vise à permettre aux équipes européennes de conserver leurs joueurs un peu plus longtemps, mais elle a profondément surpris et choqué plusieurs acteurs du football africain et international.
Parmi les voix les plus critiques, celle de l’ancien international sénégalais Habib Beye s’est fait particulièrement entendre. Coach du Stade Rennais, Beye a exprimé son étonnement et son mécontentement face à ce changement de calendrier, soulignant le manque de respect envers les sélections africaines et l’organisation de la compétition. « C’est incorrect que cette information soit donnée aussi tard aux sélectionneurs et aux fédérations impliqués dans cette compétition, qui est très importante, alors que des dates avaient été entérinées, une organisation mise en place, avec une préparation, des hôtels réservés », a-t-il confié lors d’une conférence de presse.
L’ancien latéral, finaliste de la CAN 2002 avec le Sénégal, a expliqué que cette décision reflète une ingérence qui tend à considérer la CAN comme secondaire par rapport aux calendriers européens. « Je suis sur la même logique que mes confrères de clubs : j’ai les joueurs jusqu’au 15 décembre, et en tant que coach de Rennes je suis content de les avoir, mais il faut aussi se placer de l’autre côté », a précisé Beye. Pour lui, la CAN mérite le même respect que les autres grandes compétitions internationales, et tout retard dans la mise à disposition des joueurs perturbe directement la préparation des équipes nationales.
Le problème est d’autant plus sensible que de nombreux joueurs africains évoluent en Ligue 1, et que la période de libération des joueurs coïncide avec une phase cruciale de la saison européenne. Les clubs, désireux de conserver leurs éléments pour des matchs importants, ont donc réussi à obtenir un compromis avec la FIFA. Mais pour les sélections africaines et leurs entraîneurs, ce report réduit considérablement le temps disponible pour préparer les rencontres de la CAN, organiser des stages et finaliser des stratégies avant l’entrée en compétition.
Selon des observateurs, cette situation rappelle des incidents similaires lors des éditions précédentes, où la pression des clubs européens avait déjà limité la disponibilité des internationaux africains. Habib Beye insiste sur le fait que la CAN ne doit pas être reléguée au second plan et que les décisions affectant la libération des joueurs doivent être communiquées à temps pour permettre une organisation optimale. Les équipes doivent pouvoir planifier leurs stages, organiser leurs matches amicaux et assurer une cohésion suffisante avant de disputer les trois matches de poule qui détermineront leur qualification pour les phases finales.
Cette controverse illustre les tensions récurrentes entre clubs européens et fédérations africaines autour des calendriers internationaux et des priorités des compétitions. Alors que la CAN 2025 approche, le défi pour les sélectionneurs sera de gérer ces contraintes et d’optimiser la préparation des équipes avec un temps limité, tout en maintenant la compétitivité et la performance de leurs joueurs. La FIFA, quant à elle, devra veiller à équilibrer les intérêts des clubs et des sélections pour éviter de nouvelles tensions et garantir le bon déroulement d’un tournoi majeur pour le football africain.
