Championne olympique aux barres asymétriques aux Jeux de Paris 2024 et championne du monde à Jakarta en 2025, Kaylia Nemour revient sur un passé douloureux. À seulement 19 ans, la gymnaste algérienne dévoile dans son livre L’ombre de l’or publié aux éditions Alisio, les violences physiques et psychologiques subies pendant des années auprès de ses anciens entraîneurs, Marc et Gina Chirilcenco.
Dans une interview accordée au Parisien, Nemour confie : « Je sais maintenant que ce que j’ai vécu n’était pas normal. » Elle raconte les années d’”emprise” qu’elle a subies à Avoine-Beaumont, avec des entraînements décrits comme « quasi militaires » et quotidiens, jusqu’à l’épuisement. Selon elle, les violences ne se limitaient pas aux exigences physiques : humiliations publiques, punitions et pressions psychologiques rythmaient son quotidien.
« Je reste traumatisée par toutes ces souffrances, par toutes ces fois où, après m’avoir virée de l’entraînement et envoyée dans les vestiaires, Marc m’obligeait à revenir au pas de course pour aller m’excuser auprès de chaque entraîneur, un par un, de ne pas avoir réussi mes exercices. Meurtrie par une énième humiliation, j’agissais tel un robot », confie la jeune championne. Ces révélations mettent en lumière l’impact durable que de telles méthodes peuvent avoir sur la santé mentale et physique des athlètes.
Kaylia Nemour décrit également des sanctions physiques : des rouleaux « balancés » sur elle lorsqu’elle ne répondait pas aux attentes. « Pour moi, c’était la norme. Je n’ai connu que ça, et ils disaient que c’était ça la gym de haut niveau », explique-t-elle, avant de souligner qu’elle comprend aujourd’hui qu’il existe d’autres façons d’atteindre l’excellence dans un environnement sain et respectueux.
Le livre L’ombre de l’or représente pour Nemour un moyen de témoigner et de sensibiliser sur la maltraitance dans le sport. La gymnaste, qui a déjà marqué l’histoire en devenant la première Africaine championne du monde à Jakarta, souhaite aussi que son expérience serve d’exemple pour un changement des méthodes dans le monde de la gymnastique.
De leur côté, les Chirilcenco nient les accusations. Selon eux, il s’agit d’un problème de perception : « Non, l’exigence, ce n’est pas de la maltraitance », ont-ils déclaré, dénonçant ce qu’ils considèrent comme une campagne de dénigrement.
Entre reconnaissance internationale et blessures invisibles, Kaylia Nemour illustre la complexité de la haute performance sportive et l’importance d’un encadrement respectueux. Son témoignage pourrait bien devenir un catalyseur pour réformer certains comportements dans le sport de haut niveau.

































