La réaction ne s’est pas fait attendre. Dans un appel téléphonique accordé à RMC Sport, Patrice Beaumelle, sélectionneur de l’Angola, a littéralement explosé face à la décision de la FIFA de repousser la date de mise à disposition des internationaux africains. Initialement prévue le 8 décembre, la libération des joueurs évoluant en Europe a été décalée au 15 décembre, réduisant drastiquement la préparation des sélections engagées à la CAN 2025, qui démarre le 21 décembre au Maroc. Beaumelle, ancien adjoint d’Hervé Renard et fin connaisseur du football continental, ne mâche pas ses mots : « La CAN doit être plus respectée. » Un message direct, puissant, qui traduit l’exaspération d’un technicien habitué aux batailles institutionnelles entourant les compétitions africaines.
Pour le sélectionneur angolais, la situation frôle l’absurde : certains cadres de son effectif pourraient n’arriver que six jours avant le début du tournoi, compromettant la cohésion, les automatismes et l’équilibre physique de l’équipe. « On ne peut pas préparer un tournoi d’une telle importance en une poignée de jours, surtout face à des nations mieux armées », déplore-t-il. Une colère légitime qui résonne bien au-delà de l’Angola, car elle rejoint celle de nombreuses fédérations africaines, prises de court par un changement décidé sous pression des clubs européens. Beaucoup y voient une nouvelle preuve du manque de considération envers le football africain, sa compétitivité et ses enjeux.
Un chaos qui peut changer la CAN… au bénéfice de l’Algérie
Si la sortie de Beaumelle met en lumière les fragilités structurelles auxquelles est confronté le football africain, elle ouvre en parallèle un débat sportif majeur : ce décalage de sept jours va frapper plus durement certaines nations que d’autres. L’Angola, le Maroc, le Sénégal, le Nigeria ou encore l’Égypte comptent plusieurs cadres évoluant en Europe qui arriveront au dernier moment — ce qui pourrait perturber leur préparation. À l’inverse, l’Algérie, qui construit une grande partie de son effectif sur des joueurs déjà opérationnels et présents tôt dans le rassemblement, pourrait tirer un avantage inattendu de ce bras de fer entre la FIFA et les sélections africaines.
Les Verts, dont Vladimir Petkovic a toujours insisté sur la nécessité d’un travail tactique approfondi, se retrouvent dans une configuration plus stable que nombre de favoris. Après avoir protesté fermement contre la décision, la FAF sait aussi que cette situation pourrait, sportivement, redistribuer les cartes durant la phase de groupes. « Un tournoi se joue aussi sur la préparation », glisse un membre du staff algérien. Et sur ce terrain, la colère de Beaumelle révèle surtout une vérité simple : dans ce chaos imposé, ceux qui s’adapteront le plus vite auront un avantage immense. Et l’Algérie, cette fois, semble mieux armée que beaucoup.



































