L’ancienne légende du football algérien, Rabah Madjer, a récemment fait une sortie médiatique qui a fait grand bruit. Dans une déclaration empreinte d’émotion, de lucidité et d’amertume, l’ancien attaquant du FC Porto a dénoncé ce qu’il considère comme une profonde injustice dont il aurait été victime de la part des responsables de la Confédération africaine de football (CAF), notamment dans l’attribution du Ballon d’Or africain à la fin des années 1980.
Madjer, héros de la finale de la Ligue des champions 1987 avec Porto et auteur du célèbre « talon d’or », estime que cette année-là, il était le candidat le plus légitime au trophée africain. « J’ai tout gagné cette saison-là : la Ligue des champions, la Coupe intercontinentale, et j’ai marqué un but historique. Malgré cela, on a donné le Ballon d’Or à Ruud Gullit », regrette-t-il. Pour lui, ce choix reflète non seulement un manque de reconnaissance mais aussi une tendance persistante à sous-estimer les exploits des joueurs africains évoluant hors des grands médias européens.
Madjer ne s’arrête pas là. Il revient également sur l’année 1990, lorsque l’Algérie remporte sa première Coupe d’Afrique des nations à domicile. « J’ai été élu meilleur joueur du tournoi, nous avons gagné la CAN, mais c’est Roger Milla qui a reçu le Ballon d’Or africain, uniquement parce qu’il a marqué un but en Coupe du monde », déclare-t-il avec frustration. Pour lui, ces décisions démontrent une partialité flagrante et un manque de considération envers les performances collectives et individuelles réalisées sur le continent africain.
Au-delà de cette critique, Rabah Madjer évoque aussi un épisode méconnu de sa carrière : l’offre qu’il aurait refusée pour entraîner le FC Porto après sa retraite sportive. Interrogé par un journaliste sur cette opportunité manquée, celui-ci lui suggère qu’il aurait pu connaître un destin similaire à celui de José Mourinho. Une hypothèse que Madjer ne rejette pas : « Oui, peut-être que j’aurais accompli davantage. Pourquoi considère-t-on que ces entraîneurs européens sont meilleurs que nous ? Nous avons aussi le niveau pour réussir. »
“Pour mon pays, j’ai refusé l’offre d’entraîner le FC Porto, et j’ai sacrifié mes intérêts personnels afin de rester fidèle à l’Algérie. Si j’avais accepté cette proposition à l’époque, je serais peut-être aujourd’hui à la tête de l’un des plus grands clubs d’Europe.”, a regretté Madjer.
Cette sortie médiatique de Madjer relance le débat sur la reconnaissance — parfois insuffisante — des talents africains, qu’ils soient joueurs ou entraîneurs. Elle invite également à une réflexion plus large sur la manière dont sont établis les palmarès et sur la nécessité d’une évaluation plus juste et plus équilibrée des performances sportives sur le continent.
Figure emblématique du football algérien et africain, Rabah Madjer rappelle, à travers ses propos, que derrière les exploits sportifs se cachent aussi des regrets, des injustices et des carrières qui auraient pu être encore plus grandes sans certaines décisions contestables.


































