Rabah Madjer est revenu longuement sur son parcours, ses blessures sportives et médiatiques, ainsi que sur des sujets très personnels, dans un entretien dense accordé à la plateforme “Al-Mashhad”. L’ancienne gloire du football algérien a choisi cette fois de parler sans détour, affirmant d’entrée que son fils Lotfi « n’a jamais refusé l’équipe nationale algérienne » et que toute comparaison avec Zinédine Zidane ou son fils Luca est « injuste », rappelant d’un ton ferme : « On ne peut pas me comparer à Zidane ». Pour Madjer, les circonstances de sa carrière n’ont rien à voir avec celles de l’icône française, ni avec les opportunités dont a bénéficié la famille Zidane.
L’ancien Ballon d’or africain 1987 a aussi expliqué pourquoi son fils a fini par représenter le Qatar. Pour la première fois, il a révélé avoir demandé lui-même au sélectionneur national de l’époque, Rabah Saâdane, de convoquer Lotfi dans les sélections de jeunes, précisant : « Je l’ai demandé non pas parce qu’il était mon fils, mais parce qu’il excellait avec le Paradou ». Madjer affirme avoir également sollicité Kheireddine Zetchi, alors président de la FAF, mais que sa requête est restée lettre morte. Face au silence total de la Fédération, Lotfi a été approché par la sélection olympique du Qatar, une opportunité qui s’est imposée à lui. « Il ne l’a pas choisi par volonté, c’était son destin », a insisté Madjer.
Sur son propre parcours d’entraîneur, il reconnaît qu’on l’a souvent qualifié de “coach raté”, mais il accuse l’existence d’un cercle de personnes influentes autour du football algérien qui auraient systématiquement œuvré contre lui. Sans citer de noms, il estime avoir été la cible de manœuvres internes, alors qu’à l’étranger il a réussi, notamment avec Porto et Al-Wakrah, club avec lequel il rappelle avoir remporté quatre titres. En Algérie, dit-il, il a avancé dans un climat d’obstacles invisibles. Il revient aussi sur ses limogeages après les matchs contre la Belgique en 2002 et le Portugal en 2018. Selon lui, il était en train de construire une équipe solide, citant la belle prestation face aux Belges comme exemple, et assurant qu’il préparait sereinement une équipe compétitive pour la CAN 2019. Malgré cela, son contrat a été résilié sans explication valable, et il souligne qu’aucune clause ne prévoyait un licenciement après une simple rencontre amicale.
Dans un geste qu’il présente comme une preuve de patriotisme, Madjer affirme avoir laissé 400 millions de centimes, l’équivalent d’un mois de salaire, dans les comptes de la Fédération, par respect pour l’Algérie, renonçant volontairement à ses droits alors qu’il aurait pu saisir la FIFA. Ce respect envers le pays, dit-il, n’a pourtant pas empêché certaines campagnes de dénigrement de s’abattre sur lui. Il évoque avec amertume ce qu’il décrit comme des “campagnes médiatiques mensongères” ayant terni son image auprès du public. Concernant l’épisode du CHAN au stade Nelson Mandela, il assure que les sifflets n’étaient pas dirigés contre lui, mais qu’ils coïncidaient avec un moment ordinaire du match. Selon lui, des parties ont exploité la scène pour prétendre que le public s’en prenait à lui, alors que les vidéos publiées ensuite ont prouvé le contraire.
Madjer termine en soulignant qu’il ne souhaite plus réveiller les douleurs du passé. Il dit vouloir laisser l’histoire trancher, convaincu qu’elle finira par le réhabiliter face à ceux qui ont tenté d’abîmer son image. Il conclut avec gravité qu’il est un homme nationaliste, sincère, qui a servi son pays avec loyauté, et que rien ne pourra effacer cela, malgré les tempêtes qu’il a traversées.



































