Islam Slimani aurait pu céder à la facilité. À 37 ans, l’attaquant algérien avait sur la table plusieurs pistes venues du Golfe, là où les carrières se terminent souvent dans le confort, les stades ultramodernes et les salaires qui donnent le vertige. Pourtant, le meilleur buteur de l’histoire des Verts a fait un choix à contre-courant : poursuivre en Europe, sans se préoccuper du volet financier, pour continuer à respirer l’air de la compétition et goûter à des championnats toujours nouveaux.
Cet été, en signant au CFR Cluj, Slimani ouvrait une page inattendue de son long parcours. Après avoir sillonné le Portugal, l’Angleterre, la France, la Turquie, la Belgique et même le Brésil, il ajoutait la Roumanie à une liste déjà impressionnante. Une destination qui, pour lui, relevait davantage du désir de jouer que de la recherche d’un dernier contrat en or. Le terrain avant tout, même si cela signifiait repartir quasiment de zéro dans un club en pleine tourmente financière.
Pourtant, les chiffres n’ont pas joué en sa faveur durant ses premiers mois à Cluj : huit rencontres seulement, 323 minutes disputées, un but, une passe décisive. Des statistiques loin des standards d’un champion d’Afrique 2019 habitué à porter ses équipes. Naturellement, les interrogations ont commencé à circuler autour de son rôle, de son apport et surtout… de son coût. Beaucoup imaginaient Slimani parmi les plus gros salaires du vestiaire, ce qui nourrissait les critiques sur son rendement jugé insuffisant.
Mais les apparences étaient trompeuses. À la surprise générale, le président du CFR Cluj, Iuliu Mureșan, a démenti toutes ces spéculations en révélant que l’international algérien avait accepté un salaire presque symbolique pour un joueur de son standing. « Il n’est pas venu pour l’argent », a-t-il affirmé sans détour, avant de dévoiler le chiffre qui a sidéré l’opinion : 5 000 euros par mois. Une rémunération dérisoire comparée à son pedigree, à son expérience et même à ce qu’il touchait lors de son passage récent au CR Belouizdad.
Mureșan a également insisté sur l’état d’esprit irréprochable de Slimani. Selon lui, l’attaquant n’a jamais évoqué un départ malgré son faible temps de jeu. Au contraire, il reste totalement investi, convaincu que cette saison peut lui permettre de retrouver du rythme et de postuler à une place en sélection algérienne en vue de la Coupe du Monde 2026. « Il est très positif, il veut jouer. À l’entraînement, il donne tout, il progresse physiquement, il montre son expérience. Le groupe le respecte beaucoup », confie le président.
En parallèle, Slimani s’apprête à rejoindre le Qatar pour participer à la Coupe arabe FIFA 2025 avec la sélection A’. Une nouvelle opportunité pour rappeler qu’il n’a rien perdu de son envie de représenter le pays, ni de sa capacité à se battre pour chaque minute de jeu. Et si cette parenthèse roumaine n’est pas encore celle qu’il espérait, elle révèle une facette souvent méconnue du joueur : un homme prêt à sacrifier l’argent pour continuer à vivre son métier avec passion.
À l’heure où beaucoup privilégient les contrats confortables pour finir leur carrière, Slimani, lui, avance à contre-courant, avec obstination et humilité. Un choix rare, et peut-être l’un des plus marquants de sa longue trajectoire.



































