Bien qu’il ait atteint l’objectif prioritaire fixé par la Fédération — la qualification de l’Algérie pour la Coupe du monde 2026 — Vladimir Petković fait toujours face à une contestation grandissante. Les résultats, certes positifs sur le plan comptable, n’ont pas suffi à apaiser un public de plus en plus sceptique, ni à convaincre les observateurs qui pointent une série de décisions techniques jugées incohérentes depuis plusieurs mois.
Le stage en Arabie Saoudite, marqué par de nombreux rebondissements, n’a fait qu’alimenter le débat autour de la méthode du sélectionneur. La gestion des absences, la manière d’aborder le match face au Zimbabwe et les choix opérés durant ce regroupement ont ravivé les interrogations sur sa capacité à tirer pleinement profit d’une préparation cruciale avant la CAN 2025 au Maroc.
Dès l’annonce de la liste, plusieurs choix avaient surpris : Petković avait notamment retenu Mohamed Amine Tougai, pourtant blessé et éloigné des terrains avec l’Espérance Tunis, tandis qu’il écartait Himad Abdelli, revenu en forme et auteur de performances régulières. Le seul argument avancé par le technicien — « il revient seulement depuis quatre ou cinq matchs » — a été jugé insuffisant par de nombreux analystes, qui y voient davantage un problème de cohérence dans l’approche globale qu’une simple question de concurrence.
L’autre décision qui a profondément dérouté les supporters concerne le retour de Ramiz Zerrouki, dont le profil technique est régulièrement critiqué pour son inadéquation supposée au style de jeu des Verts. Après l’avoir écarté lors du précédent stage d’octobre, Petković a finalement choisi de le rappeler… puis de l’aligner titulaire face au Zimbabwe, alors que d’autres options auraient pu être testées dans ce secteur stratégique.
La gestion des joueurs blessés a également suscité l’incompréhension.
Petković a accordé une autorisation de sortie au milieu offensif Farès Chaïbi sans appeler de remplaçant, mais a maintenu Hicham Boudaoui dans le groupe pendant une semaine malgré une gêne physique, avant de finalement le libérer tardivement. Deux décisions difficilement conciliables, selon les observateurs, avec une logique rationnelle de gestion de groupe.
Les critiques ne s’arrêtent pas là : le cas du jeune défenseur Benkara intrigue. Appelé alors qu’il peine à s’imposer à Dortmund, il n’a pourtant pas disputé la moindre minute contre le Zimbabwe, alors qu’il était précisément possible d’évaluer son potentiel dans un match amical sans enjeu direct.
Le secteur offensif soulève lui aussi de nombreuses questions. Petković a choisi de convoquer un seul ailier gauche naturel, Mohamed Amine Amoura, sans alternative en cas de pépin physique. Ce qui n’a pas manqué d’arriver : blessé, Amoura a quitté le stage, laissant la sélection sans véritable ailier de métier dans ce couloir.
La non-utilisation réelle du duo Ilane Kebbal – Hadj Moussa, pourtant en pleine forme en club, est également difficile à comprendre. Les deux joueurs n’ont bénéficié que de bribes de minutes, impossibles pour se faire une idée précise de leur capacité d’intégration. Certains y voient même une forme de prudence excessive de la part du sélectionneur, qui redouterait qu’un bon match des deux joueurs ne crée une pression supplémentaire autour de Riyad Mahrez, capitaine et leader historique du groupe.
Ainsi, malgré le caractère amical de la prochaine rencontre face à l’Arabie Saoudite, le match a désormais valeur d’examen décisif pour Vladimir Petković.
Une victoire convaincante pourrait calmer les esprits et montrer que le sélectionneur maîtrise son projet. À l’inverse, une prestation terne ou des choix incompréhensibles pourraient faire monter davantage la pression, à quelques mois seulement du grand rendez-vous continental au Maroc.
Car Petković le sait : avec l’élargissement inédit du Mondial 2026 et la relative faiblesse de certains adversaires du groupe de qualification, la simple présence en Coupe du monde ne suffit pas à le mettre à l’abri. L’opinion publique attend du jeu, des idées, et une véritable colonne vertébrale tactique. C’est donc en Arabie Saoudite, demain, que le sélectionneur jouera peut-être l’un de ses premiers tournants majeurs depuis sa prise de fonction.



































